En 2017 déboulait un nouveau téléphone à écran tactile. Un machin nouveau doté d’un capteur photo. Si on relit la presse de l’époque, Libération écrivait alors ceci : « De l’avis des analystes, l’iPhone ne va pas bousculer le jeu. » Histoire d’avoir une caution autorisée, le ou les journalistes du journal avaient été rencontrés le patron du laboratoire d’essais de la Fnac. Ce dernier a donné un avis sans appel : « J’ai essayé comme tout le monde de taper un petit bout de texte, mais cela n’a pas bien marché. »
L’iPhone, une révolution à laquelle peu croyaient
Libération n’a pas été le seul à aller dans ce sens. Le Figaro ou Le Monde en faisait de même. Le magazine SVM (Science et Vie Micro, aujourd’hui disparu) n’y croyait pas, pronostiquant le Nokia N95 comme étant la révolution.
Quand on regarde en 2017 les propos tenus dix ans plus par de nombreuses personnalités autorisées, il y a de quoi se gausser. Le jour de la présentation par Steve Jobs, les prototypes étaient fortement instables et pleins de bugs. C’est même un miracle si la démo se déroula sans incident. À ce moment-là, les rumeurs bruissaient depuis 2 ans, sans savoir exactement ce que cela allait être. Quand Jobs le présenta, c’est un vrai bouleversement qui déferla, même si ceux qui s’en rendirent compte n’étaient pas nombreux. En termes de fonctionnalités et de design, Apple a proposé ce jour-là quelque chose de réellement innovant, à l’opposé de ce qui était mis en avant alors.
À part Steve Jobs, rares étaient ceux qui croyaient en sa réussite. Steve Ballmer, patron de Microsoft, disait ceci, juste après la présentation : “There’s no chance that the iPhone is going to get any significant market share. No chance.” (Il n’y a aucune chance que l’iPhone prenne une part significative du marché. Aucune chance). Un grand visionnaire… parmi tant d’autres.
Ce qui est vrai, c’est que l’iPhone a représenté un vrai défi technologique. De la conception d’un écran tactile multipoints qui réponde au doigt de manière parfaite à un système d’exploitation fiable qui sache s’accommoder dudit doigt au lieu de la souris, les programmeurs ont dû plancher très dur.
Si la concurrence a raillé l’iPhone à sa sortie, très vite ils ont compris qu’ils se fourvoyaient à rester sur leurs positions. Samsung a réagi en copiant allègrement ce nouveau téléphone mobile. Il y a eu clairement un avant et un après.
Mais que vient faire l’iPhone dans ce blog où l’on parle plutôt photo ?
L’iPhone n’a pas simplement bouleversé le monde des téléphones portables. Certes le premier capteur était de qualité très moyenne, mais pour l’époque, c’était un petit haut de gamme. Mais surtout, capteur et logiciel n’ont cessé d’être améliorés au fil du temps. En agissant ainsi, Apple a modifié la donne dans le monde de la photo. 2007 marque le début du déclin des ventes des appareils photo.
Au début, personne ne s’est rendu compte. Mais au fur et à mesure des versions et de l’émergence des smartphones, toutes marques confondues, les appareils photo compacts ont vu leur vente décliner. Au point qu’aujourd’hui, ce marché est très petit, insignifiant. C’est tellement plus simple de se promener avec un petit ordinateur dans sa poche, capable de lire des vidéos, écouter de la musique, surfer sur le web, lire et écrire ses mails, tout en restant connecté aux réseaux sociaux. Et si les photos sont de bonnes qualités, pourquoi s’encombrer d’un appareil en plus ?
En 2007, quand l’iPhone sort, c’est plus d’un empire qui est sur le point de s’écrouler. D’Adobe Flash aux APN compacts en passant par des acteurs majeurs de la téléphonie, les disparitions furent nombreuses. Qui se souvient de Nokia et des windows phone ? Qui aurait cru à la disparition de Minolta ? Malheureusement, ce n’est pas fini ! Il y aura encore des morts dans le monde de la photographie. Olympus par exemple. Pentax est aussi une cible potentielle si la marque n’était pas adossée à Ricoh Imaging.
Consécration ultime (?!), sur la photo officielle du président de la République Française, on devine clairement les 2 iPhone d’Emmanuel Macron. Vu le soin qu’il a pris dans la mise en scène, gageons que ce n’est pas un hasard.