Dans la catégorie « réflexion profonde », voici celle qui porte sur une question essentielle : qu’est-ce qui compte ? Le boîtier ou l’objectif ?
Il ne s’agit pas là d’une provocation de ma part, car derrière cette question se cache en fait une vraie réalité. Combien font la course à l’échalote en achetant systématiquement le dernier boîtier sorti tout en conservant leur objectif d’origine et combien restent avec leur boîtier d’origine, mais en achetant d’excellents objectifs ? On trouve les 2 cas de figure pour toutes les marques. Sauf que cela a des limites. Ni l’un ni l’autre ne raisonne sainement au final.
Attention tout de même, ce n’est pas en changeant de matériels et/ou de crèmerie trop souvent, que l’on deviendra meilleur photographe. C’est la pratique régulière et une assimilation des règles de composition qui permettront entre autres de progresser.
Acheter des objectifs de qualité
Trop souvent, l’objectif est le parent pauvre lors d’un achat. Or, et contrairement à ce qu’un microcosme laisse sous-entendre, la dynamique d’un boîtier ne fait pas tout. Alors que l’objectif est un élément essentiel lors de la prise de vue. D’où la nécessité d’investir dans des objectifs d’excellente facture si on veut produire des photos « de meilleure qualité… visuelle ». Car soyons clair, un bon objectif ne vous fera pas devenir un excellent photographe. Par contre, il est certain qu’un objectif de moins bonne qualité vous fera faire de moins bonnes photos.
Sans oublier qu’un objectif de qualité est souvent plus lumineux et ses propriétés optiques plus élevées. En ajoutant par exemple des lentilles supplémentaires afin de mieux corriger certains défauts, comme :
- la résistance au flare,
- les aberrations chromatiques,
- le bokeh et son aspect,
- la différence de netteté entre le centre et les bords,
- le piqué,
- les distorsions.
La réflexion d’achat des objectifs commencera par l’éternelle question, zoom ou focale fixe. Ma religion est faite en la matière depuis longtemps, les deux ! Chacun à son usage. Ce qui amène la vraie interrogation : qu’aime-t-on photographier ? La ou les réponses vous sont propres. J’ai plutôt tendance à vous conseiller l’achat d’au moins 2 optiques. Un zoom tout terrain (pour les pentaxistes, le DA 16-85 pour APS-C semble s’imposer, car il est étonnant avec un prix modéré). Et une focale fixe, à choisir selon ses affinités photographiques du moment.
Et changer moins souvent de boîtier
Si au début des APN, tous les 6 mois il y avait de vraies avancées technologiques qui faisaient faire des bons en avant à chaque nouvelle génération, le rythme a fini par ralentir. Le cycle est passé progressivement de 6 mois à 3 ans désormais. Les boîtiers et autres APN étant désormais matures, sur l’entrée de gamme d’une année sur l’autre, il est devenu difficile de trouver de vraies différences. Pentax l’a compris en faisant durer ses boîtiers. Canon préfère quant à lui sortir des boîtiers plus régulièrement pour occuper le devant de la scène. À ce titre, Ricoh-Imaging se montre plus écoresponsable.
L’allongement des cycles qui est plutôt une bonne nouvelle pour le porte-monnaie. Un boîtier coûte cher et augmenter la fréquence de renouvellement est une bonne chose. Tant que l’on accepte l’idée qu’il faut tout de même parfois le changer. Sans être atteint du GAS (Gear Acquisition Syndrome), ce syndrome qui se caractérise par une envie frénétique d’acheter du nouveau matériel photo même si l’on n’en a pas besoin, parfois il faut évoluer. En même temps, cela fait vivre la marque, car sans acheteur, une entreprise se meurt. Sans possibilité de rentabiliser les investissements, une entreprise disparaît.
Accessoirement, sans renouvellement régulier, il n’y a pas de marché parallèle, celui de l’occasion. Ce qui réduit encore plus les possibilités d’acheter « apacher » pour des primo-accédants sans grands moyens financiers. Résultat, on conserve jusqu’à plus la fin son vieux K-10D de 13 ans d’âge. Sauf que ce dernier ne se bonifie pas avec l’âge. Après tout ce temps, il ne vaut plus rien et l’investissement pour le renouveler paraît énorme. En le vendant plus tôt, une part est couverte.
Alors, boîtier ou objectif ?
Vous l’aurez compris, depuis très longtemps, je pense qu’il faut investir plus dans les objectifs que dans les boîtiers. Et, comme souvent le budget « achat photo » est limité, il conviendra de choisir d’abord les objectifs, ou du moins les types d’objectifs, et ensuite seulement de penser boîtier. Il s’agit là d’une démarche inverse à celle à laquelle beaucoup pensent.
Celle-ci s’explique par le fait que les objectifs priment sur le boîtier. C’est eux qui feront l’image pas le boîtier. En dehors du photographe, la composante objectif est essentielle. À ce titre, il vaudra toujours mieux investir dans des objectifs de très grande qualité que dans des objectifs médiocres. Car un objectif de qualité, même sur un boîtier moyen et/ou ancien, fera toujours de meilleures photos que l’inverse. Celui qui pense le contraire n’a pas compris que la photo voulait dire peindre avec la lumière. Et que la lumière arrivait au capteur via l’objectif. Ce dernier doit être bon, très bon, excellent.
Même dans le cadre d’un primo-accédant le choix devra se porter en priorité les objectifs. Sinon, il sera un jour, à court terme, forcément déçu, et cessera à terme son activité photo.
À titre personnel, comme j’ai désormais des objectifs de qualité, choisis avec soin pour durer, je renouvelle mon boîtier principal uniquement si cela m’apporte de vraies nouveautés, remettant mon ancien boîtier sur le marché, à des prix abordables.
Pour finir, je trouve qu’on se concentre beaucoup trop sur le matériel en oubliant la raison d’être de ce dernier : prendre des photos. Et si vous sortiez ?
Crédit photos & illustrations : © fyve – Il n’y a pas vraiment de rapport entre les photos proposées et l’article, sauf avec la dernière phrase.