Acheter un appareil en 4 questions

Vouloir acheter un appareil photo entraîne souvent cette interrogation à mon égard, sous prétexte que je suis photographe amateur :

« Toi qui t’y connais en photo, j’achète quoi comme appareil ? »

J’avais déjà commis un article sur ce sujet, et je me rends compte que 2 ans plus tard, je vais plus ou moins apporter le même type de réponse, différemment.

Répondre à cette question est plus compliqué que l’on pourra croire. Tout simplement parce que cela implique de nombreux facteurs sur lesquels je n’ai aucun pouvoir. Alors, j’ai pris la décision il y a quelque temps de retourner la demande en posant quelques questions, afin que des réponses fournies, découle l’orientation, la cible du futur achat. Et en simplifiant à l’extrême, je me suis rendu compte que 4 questions pouvaient suffire à réduire le scope d’achat.

Voici donc mon petit questionnaire, accompagné de quelques réflexions. Bref, de mon guide d’achat d’un appareil photo.

Quatre questions
1- Quelles pratiques photo aimez-vous faire ?

L’appareil photo qui fait tout, avec un zoom 10-1000 mm en ouverture f/1.4, le tout avec la réactivité d’un reflex, une compacité extrême, une autonomie de 2000 photos avec un flash surpuissant et tutti quanti, n’existe pas. Et ne devrait pas exister de sitôt. Ceci implique qu’il va falloir faire un compromis. Et ce compromis, il va se faire principalement sur vos pratiques photos, c’est-à-dire ce que vous aimez faire en photo.

Pratiquer la photo de sport n’impliquera pas d’utiliser le même matériel que de la photo animalière ou de paysage. Pour le sport, il conviendra d’utiliser un appareil rapide avec certainement de longues focales, tandis que pour le paysage, il conviendra de privilégier les focales de type GA (Grand-Angles) ou UGA (Ultra Grand Angle).

Si vous faites beaucoup de photos de voyage, peut-être qu’il vous faudra vous orienter vers de petits appareils très discrets. Sans compter que, pour de nombreuses personnes, un smartphone fera amplement l’affaire !

2- Quel type de boîtier : de type compact ou de type reflex ?

Il existe des boîtiers de style compact qui permettent de changer d’objectifs (les hybrides) et des boîtiers de type reflex mono-objectifs (les bridges par exemple). Ici, on va bien parler de design et de philosophie dans la manière de photographier.

Un boîtier de type reflex reste aisément identifiable. Qu’il soit un vrai reflex avec son pentaprisme (ou pentamiroir) qui sert à la visée optique, bien protubérant sur le dessus. Où qu’il soit hybride, plus ramassé avec son EVF qui sert à la visée électronique. Dans les faits, ce type de boîtier est souvent plus massif, plus imposant qu’un boîtier de type compact. Son côté moins discret permet très souvent une meilleure prise en main. Et si votre œil directeur est le gauche, il restera exploitable. Du moins, plus facilement que les capteurs ayant un viseur (optique ou électronique) à gauche du boîtier (quand on le regarde de dos).

Canon Powershot A590
PowerShot A590 (© Canon)

Un boîtier de type compact se fera nettement plus discret. En contrepartie, il sera parfois plus difficile à manier, car sa tenue sera moins franche.

C’est donc votre philosophie de la photo (et accessoirement votre dos) qui influencera votre choix.

3- Objectifs fixes ou interchangeables ?

Un objectif fixe est un facteur limitant pour un appareil photo. Soit par son ouverture, soit par sa focale ou son amplitude de focale. Cela ne veut pas dire qu’on ne pourra pas prendre de bonnes photos (bien au contraire si on prend le Ricoh GR II). Juste que des limites vont se faire sentir à l’utilisateur. Il conviendra donc de prendre la mesure de son appareil. Connaître ses forces, ses faiblesses et ses limites. En fait, ce conseil vaut pour tous les boîtiers et les objectifs !

Ricoh GRII
Ricoh GRII (© Ricoh Imaging)

Un appareil monobloc présente des avantages comme, en théorie, une meilleure résistance aux poussières. Mais de ce côté, de nombreux reflex sont aussi très résistants. Les principaux avantages d’un appareil monobloc restent, en premier, la compacité, même s’il a un aspect reflex. Et en second, la possibilité d’avoir un seul objectif qui, s’il est un zoom, permet de pouvoir tout prendre en photo. Ou presque. S’il existe bien un mythe en photo, il concerne les objectifs à ne point en doute.

Un objectif de type zoom qui fait tout très bien, tout en étant léger, cela n’existe pas. Un objectif est toujours un compromis entre plusieurs critères. Certes, une focale fixe étant assez simple à concevoir, optiquement parlant, la plupart seront bons à très bons. Pour un zoom, c’est plus complexe. On dit souvent qu’au-delà d’une amplitude de 3 fois, le zoom perd grandement en qualité, devant faire trop de compromis. Un 24-70 (24 x 3= 72) reste dans cet écart, comme un 70-200. Mais pas un 24-1000.

Fuji XT2
Fuji XT2 (© Fuji)

 

Les objectifs interchangeables permettent donc d’obtenir une meilleure qualité photographique. De même, ils permettent d’avoir des pratiques différentes, comme la macro, le portrait, le paysage et autres.

4- De quel budget dispose-t-on ?

C’est le nerf de la guerre. Il sera donc un guide essentiel dans votre choix.

Par exemple, si vous disposez d’un budget de 400 à 500 € et que vous souhaitez un reflex, il faudra s’orienter vers la gamme débutant en privilégiant l’objectif du kit. Côté hybride, le même budget ne vous proposera pas grand-chose. Voire rien. Côté compact, à moins de ne pas privilégier une certaine qualité, ce sera le vide.

Plus vous allez augmenter votre budget, plus vous aurez des propositions d’équipement.

Réflexions accompagnatrices
Les points forts et les points faibles des reflex et des hybrides

Un appareil hybride est bien souvent vendu comme étant plus léger, plus compact qu’un boîtier reflex. Et c’est vrai en grande partie, du moins pour les boîtiers à objectifs interchangeables. Car pour la famille des compacts, ce n’est pas le cas. Ils ont un encombrement et un poids similaire.

C’est donc entre l’hybride de type reflex et le reflex lui-même que ces arguments seront pertinents. Néanmoins, il convient de nuancer quelque peu ces avantages. Un hybride à objectif interchangeable gagne du poids en se débarrassant de la visée optique au profit d’un viseur électronique (EVF). La cage reflex est également plus réduite. Le gain est non négligeable. Mais en contrepartie, cela s’est traduit par une gamme optique dédiée, l’utilisation d’un EVF énergivore (prévoir au moins une batterie supplémentaire en permanence) et parfois pas aussi performant qu’un viseur optique, surtout en termes de réactivité et de luminosité. Certes, l’électronique va éclaircir les zones peu éclairées afin de mieux voir, mais cela est souvent trompeur pour le photographe. Il conviendra donc de faire très attention, en mode manuel la sous-exposition étant facilité.

Viseur du K-1
Viseur du K-1 (© Ricoh Imaging)

 

Et si l’EVF permet d’afficher un certain nombre d’informations sur le viseur, les viseurs optiques le permettent également, comme le montre le viseur du Pentax K-1.

De la taille du capteur

Taille-Capteur

Il faut savoir que la taille du capteur a un effet direct sur la qualité d’une image.

Techniquement, un capteur est composé de millions de photosites qui vont capter la lumière. Communément, on parlera de mégapixels. Un appareil de 8 mégapixels -Mpx- (comme les derniers iPhone par exemple) aura donc 8 millions de photosites. Un appareil de 36 mégapixels (comme le Nikon D810 ou le Pentax K-1) aura donc un capteur de 36 millions de photosites. Or plus l’espace est petit, plus il sera compliqué de faire tenir ces millions de photosites.

La seule solution sera de réduire la taille des photosites et la distance entre eux. Ce qui aura comme conséquence directe, une augmentation non négligeable du bruit électronique et une baisse de la dynamique du capteur.

A contrario, plus la taille du capteur sera grande, plus la distance entre deux photosites sera elle aussi grande et plus la taille du photosite sera elle aussi agrandie.

Ce qui veut dire en clair que, si on a beaucoup de pixels sur une petite surface, on augmente les risques d’une catastrophe. Certes, les constructeurs ont prévu des moyens électroniques pour réduire les risques, mais il ne faut pas se leurrer, très rapidement, on obtiendra une image bruitée et/ou lissée à l’extrême pour tenter de faire passe la pilule.

Ceci bat donc en brèche l’idée qu’un plus grand nombre de pixels apportera une meilleure qualité d’image. Ce n’est pas un hasard si les fulls frame professionnel (donc haut de gamme) restent sages en nombre de pixels, se maintenant aux alentours des 20 Mpx (Nikon D5s ou Canon 1D X).

Zoom ou focale fixe ?

L’éternel débat.

Les zooms n’ont pas une bonne réputation en termes de qualité, de piqué. C’est principalement une question de physique. Un zoom est complexe à concevoir, nécessite beaucoup de lentilles afin d’obtenir de grandes amplitudes. Et la formule optique se complexifie si on souhaite de grandes ouvertures.

Sony RX100 III
Sony RX100 III (© Sony)

Résultat des courses, beaucoup de zooms ne sont pas des cadeaux. Les critiques sont nombreuses et très souvent justifiées. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il existe quelques zooms qui sont tout simplement géniaux, suite aux importants progrès réalisés. Certains sont capables de tutoyer les très bonnes focales fixes. Sans compter que les zooms sont polyvalents et qu’ils sont donc, de fait, irremplaçables.

Rien de plus rageant que de devoir changer d’objectif alors qu’il y a un bon sujet qui se présente, parce que la focale n’est pas suffisante. Certes, on peut zoomer avec les pieds, mais cela peut se révéler dangereux ! (importante recrudescence des accidents dus aux selfies).

Si une focale fixe produit certainement la meilleure image, le zoom, de par son range, permettra sans doute d’avoir la bonne image au bon moment. Et c’est ce qui va compter pour moi et de nombreux photographes.

Pour la suite, relire cet article.

Boîtier nu ou kit ?

La plupart du temps et à de rares exceptions près, les objectifs livrés dans les kits sont de qualité allant du médiocre à moyen. Tout simplement parce le constructeur veut proposer un objectif tout en limitant les tarifs. On notera aussi que les kits sont plus souvent réservés aux entrées de gamme. Néanmoins, lors d’opérations spéciales, il arrive que les objectifs fournis en kit soient très intéressants.

Si vous débutez en photo, alors il vaut mieux privilégier un kit. Cela vous permettra de faire vos premières armes tranquillement, afin de mieux trouver ce qui vous correspond.

Si vous avez déjà de solides connaissances et/ou des objectifs, le boîtier nu sera plus intéressant. Et se poser des questions sur le ou les objectifs à avoir avec son boîtier.

Il convient également de ne pas oublier qu’il vaut mieux un bon, voire un très bon objectif avec un boîtier, qu’un objectif moyen avec un très bon boîtier.

Pourquoi le K-50 coûte 470 € alors que le K-1 vaut 2100 € ?

Le K-5 est issu d’un ancien boîtier de la gamme expert, le K-5. Cet ancien haut de gamme était doté d’un capteur APS-C de 16 Mpx. Le K-50 a hérité de lui le capteur, l’AF, l’électronique performante, les 2 molettes, la tropicalisation. Mais pour faire baisser les coûts, le constructeur a changé le châssis pour de matériaux moins nobles, à virer le second écran LCD, à modifier la cage reflex rendant le déclenchement plus bruyant et à modifier la disposition et le comportement de certaines touches. Le tout, afin de permettre un prix plus abordable.

K1, vue de dessus
K1, vue de dessus (© Ricoh Imaging)

 

Ce qui va différencier les différents boîtiers sont donc les éléments suivants :

  • Les fonctionnalités,
  • l’AF et la vitesse de réaction de l’électronique (plus c’est récent, meilleure sera la réactivité),
  • la qualité de fabrication et de construction.
Pentax, Canon, Nikon, Sony… Quelle marque ?

À vrai dire, je m’en fiche.

Certes, dans le monde reflex, je suis pro-Pentax. Ainsi, j’aurai tendance à faire penser à cette marque trop souvent oubliée. Mais si on est honnête et pas trop influencé, les 3 grandes marques du monde reflex se valent pour les segments allant du débutant au boîtier semi-pro. Dans le domaine du Pro, Canon et Nikon ont une longueur d’avance puisqu’ils sont les seuls à en proposer.

Néanmoins, sur le segment débutant, quand je vois la qualité d’un 1300D ou d’un D3400, je me dis que le K-50 avec ses doubles molettes et sa tropicalisation n’a pas à rougir.

Côté hybride, la guerre est essentiellement entre Sony, Fuji et Panasonic. J’ai omis la marque Leica parce que ses tarifs stratosphériques la rendent inabordable pour nombre d’entre nous.

Côté compact, on prend le même trio (Sony, Fuji, Pana) auquel on ajoute Canon. Et on fait la même remarque sur Leica. À noter deux ovnis photographiques chez Ricoh et Sigma qui proposent un compact APS-C à focale fixe originale plutôt bien conçu.

Pense-Bête

Les reflex sont organisés en 2 familles selon le type de capteur et hiérarchisés en gamme.

  • Reflex APS-C : Débutant – Amateur – Expert – Semi-Pro
  • Reflex FF (24×36) : Expert – Semi-Pro – Pro

Les hybrides sont organisés en 2 familles (type reflex ou type compact) et 3 sous-familles, selon le type de capteur.

  • façon Reflex ou façon Compact : capteur 4/3 – capteur APS-C – capteurs FF

Les Compacts n’ont pas de réelle hiérarchisation, hormis celle de la focale fixe vs zoom.

  • Compact : focale fixe – Zoom à faible amplitude et lumineux – Zoom de grande amplitude
Conclusion

Les grandes marques étant pérennes, le choix se fera sur des détails comme le parc d’objectif qu’on a déjà ou que l’on compte acquérir, l’affinité que l’on peut avoir… et le ressenti ! Allez dans un magasin spécialisé dans lequel vous trouverez ces marques et testez la prise en main, l’ergonomie. Ne vous contentez de comptes-rendus faits par un site internet ou un magazine.

À ce stade, vous connaissez le type d’appareil qui vous intéresse. Et vous avez suffisamment eu d’informations pour réduire le scope de vos recherches. Il ne vous reste plus qu’à mettre sur un morceau de papier les éléments forts retenus et effectuer votre achat.

À vous de jouer.

Bouton retour en haut de la page