Dans la catégorie « C’est quoi ? », voici celui consacré à la « Balance des blancs », une notion qui n’a rien à voir avec le racisme, mais tout avec la perception de la lumière.
Une définition pour commencer
La perception est influencée par l’éclairage. Celui offert par le soleil sera différent de celui sur offert par des ampoules à incandescence ou encore des halogènes. Chaque source lumineuse, qu’elle soit naturelle ou artificielle, possède des caractéristiques propres en matière de couleur. On parlera ici de la température d’une couleur, exprimée en degré Kelvin. Cela a comme conséquence que le rendu sera différent pour chacune d’entre elles. Donc, le blanc fixé au moment de la prise de vue dépendra complètement de l’éclairage qu’il y avait à ce moment-là.
Bref, le blanc n’est pas blanc, et comme pour le linge, il conviendra d’en raviver l’éclat au bon moment. Un coup de lessive et tout ira bien.
Pour qu’une photo soit la plus neutre possible, la ou les sources de lumière ayant servi à l’éclairage de la scène doivent proposer une température de couleur comprise entre 5000 et 6000° K.
Si on examine les 3 photos ci-dessous, vous pouvez vous apercevoir que le blanc prend une dominante allant du bleu au rouge. Cette dominante, il conviendra de l’exclure, de la contrebalancer afin de rendre le blanc sa « vraie » blancheur. C’est en réglant la température de couleur que l’on va agir sur la dominante de couleur de la source de lumière, et que l’on pourra se rapprocher d’une lumière plus neutre. En théorie.
Parfois, il est difficile de trouver ce qui pourrait être la « bonne » balance des blancs, celle qui conservera le meilleur équilibre, celle dont le rendu correspondra le mieux à ce qui a été vu au moment de la prise de vue. Si vous ne réglez pas correctement la balance des blancs, vous allez retrouver sur la photo la dominante de couleur de la source d’éclairage et donc obtenir une photo assez peu naturelle.
Fixer la Balance des Blancs (BdB)
Il existe 2 moments dans la vie d’une photo pendant laquelle on va pouvoir déterminer la valeur du blanc. C’est le mode d’enregistrement de la photo, RAW ou JPEG, qui va positionner ce moment.
À noter que la valeur du blanc est exprimée en degré Kelvin. C’est la raison pour laquelle vous allez voir des chiffres comme 3750°, 5500° ou encore 7500° et toutes les valeurs qu’elle peut prendre.
Prise de vue en JPEG
C’est au moment de la prise de vue qu’il faudra déterminer la valeur de la balance des blancs. Cela vient du fait même de la nature du JPEG. Ce format d’image est en effet compressé. Et pour se faire, une des « astuces » est de combiner certaines informations entre elles pour gagner de la place. C’est ainsi que les informations de luminance et celle de la couleur sont combinées. Ce qui a pour conséquence qu’une modification sur le blanc influencera directement les couleurs.
Fichier JPEG avec BdB en AWB (température fixée par l’appareil à 7500° K) – Comme la couleur tirait un peut-être vers les teintes oranges, la BdB a été modifiée afin d’être plus neutre. Le rendu final de la photo bien qu’un peu meilleur que la prise de vue initiale, le résultat n’est pas satisfaisant, la colorimétrie n’étant pas préservée (regarder sur les détails comme le trottoir ou les immeubles)


Il convient donc de ne pas se tromper dans la balance des blancs dès la prise de vue en mode JPEG. Il faut bien le reconnaître, le mode auto de la BdB que propose votre boîtier est souvent efficace, l’APN trouvant seul la bonne balance (il s’agit du mode AWB pour les boîtiers Pentax). Malheureusement, il y a des cas où votre APN n’y arrive pas, la cellule se trompe et donne une mauvaise indication. C’est une des fois où visualiser immédiatement le cliché pris sur l’écran arrière à un sens. Si la balance n’est pas bonne, il faudra indiquer quel mode utiliser.
C’est la raison pour laquelle différents réglages vous sont proposés afin que vous puissiez choisir un réglage de balance des blancs bien précis. Par exemple, sur un boîtier Pentax, il vous sera proposé à minima les préréglages Lumière du jour, Ombre, Nuageux, Fluorescent, Tungstène, ombre ou CTE. Après, selon le modèle d’autres réglages seront proposés, comme une balance des blancs manuelle ou le mode K qui vous permet de fixer une valeur précise de température de couleur.
Prise de vue en RAW
Dans ce cas de figure, les canaux luminance et couleur sont séparés dans le fichier. Il est donc possible en Post-Traitement de décider la BdB que l’on souhaite appliquer. Fixer une balance des blancs à la prise de vue n’a pas d’impact sur le résultat de votre image finale. Mais, plus votre BdC sera proche du résultat que vous souhaitez obtenir, moins vous aurez de travail à faire en Post-Traitement.
Si le mode AWB (Auto White Balancing) est souvent la meilleure solution pour les débutants ou ceux qui ne veulent pas avoir de mauvaises surprises, on peut aussi fixer une valeur par défaut. De fait, j’utilise une température de prise de vue personnalisée à 5150° K. Celle-ci me semble plus proche du rendu final souhaité. Valeur que je peux modifier en Post-Traitement, du fait de la prise de vue en RAW.
Rectifier la balance des blancs
Cas du JPEG
Si vous prenez vos photos en JPEG, alors cela sera très compliqué de rectifier. Certains diront même que cela est impossible (et je ne suis pas loin de penser de même). Tout simplement parce qu’en agissant sur le curseur de la balance des blancs, on va agir sur la couleur en elle-même. Ce qui est normal puisque les canaux ont été fusionnés. Toucher à la balance des blancs revient à modifier la couleur.
Raison pour laquelle, il vaut mieux s’en rendre compte dès la prise de vue, en visualisation le cliché pris. Si la BdB est ratée, il faut modifier le réglage et refaire la prise de vue immédiatement.
Si on s’en rend compte trop tardivement, alors il sera possible d’atténuer un peu en phase de post-traitement. Il faudra jouer sur différents paramètres, mais de manière très légère :
- Curseurs BdB, Saturation, Vibrance
- Curseurs des couleurs en ajoutant un peu de la couleur inverse de la dominante de la photo.
Il n’empêche que le résultat ne sera jamais correct, satisfaisant. Au mieux il sera acceptable.
Lors de la prise de vue ci-dessous, le boîtier était réglé avec une BdB en mode « Tungstène ». Le résultat est sans appel, le cliché est bleuté et ne peut être utilisé en l’état. Un post-traitement a permis de rectifier un peu l’image, mais globalement, on ne peut pas en être satisfait.


Cas du RAW
Comme on dit, c’est la situation « royal au bar » ! Quand on travaille en RAW, la balance des blancs se fixe après la prise de vue, lors du post-traitement. Certes, dans le fichier sera enregistrée la valeur de BdB tel que l’appareil l’a mesuré et lors de l’affichage dans votre logiciel de Post-Traitement, c’est elle qui sera utilisée par défaut. Mais on pourra toujours en modifier la valeur après coup, sans altération des couleurs… En faisant tout de même attention, car il s’agit de rester réaliste, par exemple la peau.
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La liberté est-elle que l’on peut produire grâce à ce réglage des changements « artistiques ». Attention tout de même, car si certains peuvent s’avérer heureux, d’autres sont franchement catastrophiques.
photo originale, BdB en mode auto (AWB) | BdB modifiée dans Adobe LR, version 1 | BdB modifiée dans Adobe LR, version 2 |
L’outil Bdb
C’est le seul outil à utiliser pour un fichier RAW. Il se matérialise le plus souvent sous la forme d’une pipette et/ou d’une réglette :
- La « pipette » permet de prélever la dominante à corriger (généralement sur une surface « blanche »)
- La réglette permet de donner directement une valeur ou de modifier jusqu’à avoir l’impression que la BdB est bonne.
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Les outils vibrance, saturation et couleurs
Quand on prend ses clichés en JPEG, ce sont les outils sur lesquels on pourra s’appuyer pour tenter d’améliorer la BdB. En premier lieu, il faut ajouter la couleur inverse de la couleur dominante afin de mieux équilibrer la photo. Ensuite, on pourra utiliser les outils de Vibrance et de Saturation pour atténuer les différents effets.
Ce qu’il faut retenir :
- La Balance des Blancs est un élément constitutif essentiel d’une photo puisque c’est elle qui va orienter la température d’une photo, de la froideur à la chaleur.
- En JPEG, la BdB est fixée lors du développement réalisé en interne par le boîtier et enregistré de manière définitive. Toute modification a posteriori sera destructrice.
- En JPEG, il faut vérifier plus régulièrement le mode BdB du boîtier et l’adapter au besoin des circonstances, en regardant le résultat des prises de vue.
- Quand on pratique le Post-Traitement RAW, avoir un bon moniteur de qualité « photographique » et calibré est impératif.
Bonne chasse photo !
Crédit photos & illustrations : © fyve