Choisir et acheter un écran photographique

Dans la catégorie « C’est quoi ? », voici celui consacré à l’outil principal de restitution de vos photos, l’oublié de votre écosystème, j’ai nommé l’écran…

 

L’écran est trop souvent le parent pauvre de la chaîne photographique. Alors que beaucoup sont prêts à mettre des fortunes dans les boîtiers et les optiques, ils se contenteront du premier écran venu pas trop excessif. Or c’est bien l’écran de l’ordinateur qui vous permettra de développer vos photos et les voir dans de bonnes conditions. L’écran sera même, pour beaucoup d’entre nous, le seul espace de restitution. Il est donc indispensable de s’équiper correctement afin d’effectuer l’editing et le post-traitement dans de bonnes conditions.

Alors pourquoi oublie-t-on cet élément ? Peut-être parce beaucoup trouvent son prix excessif, surévalué. Pourtant il est tout à fait possible de s’équiper correctement, sans tomber dans un délire financier. Le tout est de posséder les quelques clés nécessaires afin d’effectuer cet achat sereinement. Mais, avant d’aller plus loin, un conseil très important. Si votre seul but est de regarder de temps en temps des selfies ou autres photo du même genre, passez votre chemin, cet article n’est pas pour vous, car n’importe quel écran suffira. Cet article est plutôt destiné à ceux qui effectuent régulièrement les tâches photographiques post prise de vue.

Quelques généralités sur l’écran

Un écran, c’est une dalle et de l’électronique. Ainsi qu’une carte graphique côté ordinateur pour l’animer. Un écran est construit en fonction d’un cahier des charges. Ce dernier peut être plus moins restrictif, sélectif. Tout dépendra de ce que souhaitera le fabricant. De manière basique et pas chère, ce sera une rangée de LED pour éclairer le milieu de l’écran et un peu de composants pour gérer cet éclairage non uniforme. Quant à la dalle, elle n’aura subi qu’une batterie restreinte de tests et d’étalonnage. Voire aucuns. En contrepartie, le prix sera raisonnable. Un moyen de proposer des prix défiant toute concurrence. À notre détriment.

Plus on ajoutera de la qualité, des tests supplémentaires, des blindages, un rétro éclairage plus important, des composants électroniques de meilleure qualité, meilleur sera l’écran. Et le prix augmentera proportion. Il est ainsi tout à fait possible d’avoir la même dalle sur un écran à 90 € et sur un écran à 350 €. Entre les 2 modèles, de meilleurs composants et un processus de contrôle plus poussé (tests des dalles, d’étalonnages) qui augmenteront la qualité (et le prix).

Quel prix ?

Commençons pour une fois par la fin, c’est-à-dire le tarif. Cela va permettre d’évacuer quelques idées reçues. Il n’y a aucune obligation à acheter un écran de plus de 2 000 € pour travailler vos photos. Dès 180 € on trouve des écrans capables de reproduire correctement les couleurs. Mais, comme dit précédemment, il y a un vrai corollaire entre le prix à payer et la qualité de l’écran. Un bon écran va coûter plus cher à fabriquer, car il va nécessiter de meilleurs composants et un processus de contrôle plus poussé.

De fait, tous les écrans « à pas cher » risquent de manquer de précision dans les couleurs et la répartition de la lumière. Sans compter les effets de pompage de lumière et autres reflets indésirables. Dans la même veine, les écrans des ordinateurs portables dont le prix est inférieur à 600 € sont rarement bons. Car il faut bien rogner quelque part pour baisser les tarifs et l’écran est le premier poste visé.

< 120 € Les bons écrans sont exceptionnels (déstockage ou coup de bol de la providence)
150 – 250 € À moins de 250 €, il y a quelques écrans qui sont satisfaisants en colorimétrie, mais cela reste assez rare
250 – 500 € Une catégorie de prix où l’on trouve des écrans excellents qui suffisent à la grande majorité des amateurs, voire même de professionnels (souvent pour un second écran)
500 – 1 000 € L’entrée dans une gamme d’écrans de qualité semi-pro
> 1 000 € Welcome dans le haut de gamme, là où l’on trouve les écrans « professionnels », mais surtout d’exceptions !

Plus c’est cher, mieux c’est !

L’adage va cette fois-ce se révéler vrai. Mais il y a des explications à cela.

En dessous de 250 €, trouver des écrans intéressants pour la photographie est très rare, même s’ils existent (voir plus bas). Cette gamme de prix est occupée essentiellement par les écrans gamers dont les caractéristiques techniques ne sont pas compatibles avec les besoins d’un écran photographique. Tout d’abord, la dalle utilisée et l’électronique sont axées essentiellement sur la vitesse et le temps de latence. Une foule de détails qui rendent la dalle impropre à autre chose. L’inverse est aussi vrai. Un bon écran photographique est souvent rédhibitoire à la pratique du jeu vidéo.

Mais, à partir d’un certain seuil, les différences deviennent minimes. La plupart du temps, entre un écran à 600 € et un au-delà des 1 500 €, vous achèterez très vraisemblablement la même dalle et le même rétroéclairage. Même si les marques sont différentes ! Car les fabricants de dalles ne sont pas si nombreux, il y en a même très peu sur le marché. Ce qui fera la différence, ce sont les critères de qualité et de sélection des dalles mis en œuvre par les fabricants, qui sont différents. Il y a ensuite tous les ajouts électroniques nécessaires au bon fonctionnement qui seront aussi de qualité différente, avec des fonctionnalités plus ou moins avancées. Et puis, il y a le blindage de l’écran, l’ajout de sondes de surveillance du vieillissement ou du contrôle de l’uniformité de l’éclairage !

Il n’existe pas d’écran idéal universel. L’écran idéal sera à la mesure de chacun, c’est-à-dire qu’il devra correspondre à vos critères et votre budget. L’écran idéal sera donc l’objet d’un compromis et, surtout, d’une enveloppe financière. C’est à partir de cette enveloppe que vous pourrez choisir votre écran… et en accepterez ses petits défauts.

Les types de dalles

Il y a plusieurs types de dalles, dont certaines ne sont pas adaptées au traitement des photos. Voici donc un peu de terminologie.

Pour commencer, les écrans CRT, à tube cathodique. Si vous en avez encore en 2018, il est grand temps de changer. Il s’agit d’une technologie ancienne, dépassée aujourd’hui. Les seconds désignent, dans l’imaginaire de monsieur « tout le monde », un écran plat. En fait il s’agit d’une des technologies permettant de fabriquer des écrans plats. Il en existe d’autres permettant le même résultat, comme le plasma ou l’OLED.

Les dalles TN (Twisted Nematic)

Elles sont les premières à être apparues sur le marché et sont, encore aujourd’hui, plus répandues.

Elles présentent des avantages indéniables comme une excellente réactivité, un très faible retard d’affichage et une consommation peu gourmande. Il s’agit de la dalle par excellence pour les joueurs. Mais qu’il convient d’éviter pour la photo, car le taux de contraste est très faible. Sans compter que les angles de vision sont limités, principalement à la verticale. Si vous regardez une image sur un écran équipé d’une dalle TN de haut en bas alors que vous êtes debout, vous constaterez une baisse importante de la luminosité qui dégrade l’affichage. Pour en terminer avec les dalles TN, l’homogénéité est généralement catastrophique.

Nous ne recommanderons donc pas ce type de dalle, qui n’est pas idéal pour visionner, développer et retoucher les images.

À noter que la plupart des portables à bon marché sont malheureusement équipés de ce type de dalle.

Les dalles IPS (In-Plane Switching)

Elles ont l’avantage d’offrir une meilleure reproduction des couleurs (au moins 95 % de l’espace couleur Adobe RGB pour les dalles IPS Mat et au moins 99 % de l’espace couleur Adobe RGB pour les dalles IPS AHVA). Mais pas seulement puisque les angles de visions sont plus importants (l’utilisateur est moins obligé d’aligner parfaitement son regard pour en profiter pleinement) et la lumière est plus uniformément répartie sur la surface. Le taux de réponse (rafraîchissement) est un peu supérieur, mais c’est sans importance pour la photographie.

Les dalles VA (Vertical Alignment)

Contrairement à ce l’on pourrait penser, les dalles VA ne sont pas le haut de gamme. Cette technologie propose certes de meilleurs noirs et de meilleurs taux de contraste que les dalles TN. Certes, les angles de vision sont aussi suffisamment larges pour ne pas être gêné. Le seul point noir reste le temps de réponse, ce qui n’est pas, encore une fois, rédhibitoire pour les photographes (sauf pour les modèles UV²A).

Ces dalles restent tout de même en deçà de la qualité des dalles IPS.

Les dalles OLED

Les plus belles couleurs, des noirs parfaits, une réactivité à toute épreuve et les meilleurs angles de vision… Malheureusement un rêve qui a un coût encore beaucoup trop important, cette technologie étant encore toute récente. Il conviendra encore de patienter avant qu’elle soit pleinement déclinée côté moniteur informatique.

En résumé
Technologie Variante Taux de contraste Rendu des couleurs Angles de vision Rapidité
TN Moyen Moyen Mauvais Excellent
IPS S-IPS / AH-IPS / PLS / AHVA Moyen Excellent Excellent Bien
VA MVA / A-MVA Bien Bien Moyen Mauvais
VA PVA / S-PVA / PSA Bien Bien Moyen Moyen
VA UV²A Bien Bien Moyen Bien
OLED Super AMOLED / W-OLED Excellent Excellent Excellent Excellent

Brillant ou mat ?

Il existe des écrans brillants et des écrans mats. Autant que possible, il convient d’éviter les écrans brillants, car ils produisent des reflets indésirables très désagréables. Les écrans mats, eux, réduisent les reflets indésirables. Ce qui est important dans la chaîne de traitement. Accessoirement, pour ceux qui font de l’impression, les dalles mates permettent d’obtenir un rendu à l’écran plus proche du rendu final.

Mais si les dalles brillantes sont moins efficaces, pourquoi les trouve-t-on plus facilement ? Parce qu’elles proposent des images plus pêchues, plus vivaces, grâce à une saturation excessive des couleurs. Un excellent argument commercial, mais un piètre argument photographique. Pour parer aux principaux effets indésirables, il conviendra d’acheter une « casquette ».

Un écran pour la photo

Dans cette partie, nous allons passer en revue les principales caractéristiques à conserver en mémoire lors de l’achat d’un écran. Vous l’avez déjà compris, les d’écrans de type TN sont à proscrire tandis que les écrans brillants sont eux déconseillés. Autant que possible, privilégiez les écrans à base de dalles IPS à technologie AHVA (Advanced Hyper-Viewing Angle), qui offrent un rendu qualitatif global de l’image supérieur, même en regardant l’écran sur les côtés.

Un ou plusieurs écrans ?

Par expérience, j’ai la faiblesse de penser que 2 écrans, c’est mieux qu’un seul. Celui qui est dédié à votre ordinateur (qu’il soit monobloc de type iMac, portable ou UC séparé) et un écran graphique. Les deux évidemment calibrés ! Chez moi, j’utilise les 2 écrans évidemment, mais principalement l’écran graphique. Que ce soit pour traiter mes photos ou pour écrire un document… Ou m’occuper de mes sites web ! L’écran du portable est alors dédié à des logiciels moins utilisés (par rapport à ma tâche principale).

Heureusement pour moi, mon ordinateur portable est un haut de gamme et donc dispose d’un écran nettement supérieur à la moyenne. En déplacement, je l’utilise pour importer mes photos et effectuer les opérations liées au catalogage. Par contre, même s’il est calibré, je ne m’y fie jamais pour la partie du Post-Traitement qui concerne les couleurs, la balance des blancs, la saturation, le contraste, les hautes lumières, etc. Si d’aventure j’étais amené à effectuer cette part du PT sur le portable (pour des urgences ou avoir une idée du résultat futur), tout sera systématiquement refait sur mon écran graphique.

Et un troisième écran ? Pourquoi pas si vous avez la place nécessaire, que votre ordinateur soit en mesure de le gérer et vous pouvez vous le permettre financièrement parlant. Cela permettrait d’avoir un des écrans graphiques en mode horizontal et l’autre en mode portrait.

Les tailles-écran et définition

24, 27, 32 ou plus ?

Concernant la taille, commencer par écarter tout qui est proposé au-dessous de 24”. Soit parce que cela n’existe plus (plus fabriqué et donc vieux, voire très vieux), soit parce que la plupart du temps, les dalles de cette dimension sont désormais toutes de bas de gamme. Et donc impropres à une utilisation photographique. Il convient donc de viser les 24”, 27” et 32”. Au-delà, ce sera selon votre capacité financière.

Votre choix s’effectuera en fonction de votre pratique photo, de votre budget…. et de la surface dont vous disposez pour installer votre matériel. Car s’il y a bien un facteur impactant, mais régulièrement oublié, c’est bien celui-ci. Trop souvent, on néglige le fait qu’un moniteur nécessite de la place. Certes, les écrans plats nettement moins que leurs ancêtres CRT. Mais c’est non négligeable. Sans compter que plus c’est grand, plus vous aurez besoin de recul.

La principale différence entre les 24 et les 27″, c’est que le second propose un peu plus de largeur, ce qui est plutôt bien pour afficher les barres d’outils de votre logiciel de PT, tout en étant à peine plus haut. La vision est parfaite, sans avoir à changer l’inclinaison de votre tête trop fréquemment. Et c’est sans doute le principal reproche que l’on pourrait faire aux écrans 32″. S’ils proposent effectivement une surface de travail plus importante, la vision d’ensemble nécessite plus de recul. Et un effet pervers apparaît, ce qui est proposé à l’écran s’avère parfois trop petit pour les utilisateurs, les obligeant à s’approcher et beaucoup jouer du cou.

À noter que si pour une même diagonale, la définition augmente, alors la densité des pixels par pouce carré augmente aussi. Plus il y a de pixels par pouce (le fameux ppp), plus la résolution est grande et plus les dégradés sont doux et progressifs. Il y a donc une amélioration indéniable du confort visuel, sans compter que l’utilisateur commence ne plus voir le pixel lui-même (l’écart entre 2 pixels se réduisant).

UHD, 4K, 5K

Les définitions des écrans sont une vraie jungle où il est difficile de s’y retrouver. Les sigles s’accumulent.

L’UHD (ou la 2K) c’est le « standard » actuellement. Tous les écrans respectent plus ou prou cette définition de 1 920 x 1 200 pixels (parfois 1 920 x 1 080). Les écrans QHD ont une définition supérieure, de 2 560 x 1 440 px. La 4K, comme le 5 K et la 8K, propose des définitions encore plus grandes dans le même espace physique. Il existe même 2 4K ! La première propose une définition de 3 840 x 2 160 pixels, soit le double de la 2K. La seconde, dite « vraie » 4 K, propose une définition légèrement supérieure, de 4 096 x 2 160 pixels. La densité augmente fortement, puisqu’un moniteur 27″ proposera une densité proche de 160 ppp, l’utilisateur ne voyant alors plus le pixel. Évidemment, plus la définition augmente, plus le confort sera important. En fait, avec ce type de définition, on se rapproche fortement de ce que l’on a avec un tirage photo classique.

Il convient de faire attention tout de même à cette inflation dans la définition des écrans. Car le corollaire est que, pour une même taille physique des caractères ou des fenêtres, tout apparaîtra plus petit sur un écran 4K par rapport à un écran UHD. Pour bien utiliser ce type d’écran, non seulement il est nécessaire d’avoir une carte graphique adaptée, mais il convient que le logiciel sache exploiter cette définition (donc logiciel récent de rigueur) et le système d’exploitation être compatible (Windows 10 et Mac OS 10.11 minimum).

Luminance et taux de contraste

La luminance correspond à la sensation visuelle que l’on a de la lumière qui provient d’une surface source. La luminosité que cette source renvoie est quantifiée en niveaux d’intensité. Elle est exprimée en cd/m2 (candelas par mètre carré). Plus la valeur de luminance est élevée, plus le blanc devient brillant. Mais si la luminance du blanc est excessive, elle faussera le taux de contraste des écrans et les détails, dans les hautes lumières, vont se perdre tandis que les noirs apparaîtront comme délavés, plus proches du gris foncé que du noir. Or la qualité du noir est très importante pour les photos.

Le taux de contraste indique, quant à lui, l’écart existant entre la valeur du noir pur et celle du blanc pur. Ce taux est exprimé en fraction. Un taux de contraste de 1000:1 indique que le blanc de l’écran est mille fois plus lumineux que le noir. Meilleur est ce taux de contraste, meilleur sera l’écran. Méfiez-vous tout de même des taux de contraste délirants que mettent en avant certaines marques. Si ces taux sont flatteurs, ce sont généralement des taux « dynamiques », qui ne sont pas un reflet de la réalité.

Un écran est considéré comme « bon » quand le rapport luminosité de la source / taux de contraste est inférieur à 1.

Par exemple, si un écran a une luminance de blanc de 350 cd/m2 et un taux de contraste de 1000:1, on obtient comme rapport 350/1000, soit  0,35 cd/m2, ce qui est excellent. 

Uniformité

L’uniformité est un élément primordial. Il est impératif que la lumière qui éclaire par derrière la dalle soit uniformément répartie. Sinon, il y aura des zones plus sombres, ce qui modifiera les couleurs affichées. Alors, comment repérer un écran qui ne dispose pas d’un éclairage uniforme ? C’est assez simple en fait. Il faut uniquement disposer d’une image d’un gris « parfait », ou le R=V=B (avec comme valeur 150 par exemple). Par exemple celui-ci :

Ensuite, affichez cette image grise à l’écran, avec une luminosité de l’ordre de 90 % de ce que permet votre écran. Si le gris affiché vous semble le même partout, c’est qu’il y a de grandes chances que tout soit OK. Mais si un coin ou une zone vous paraît nettement plus sombre, alors envisagez de vous séparer de cet écran. Si vous venez de l’acheter, vous le renvoyez en demandant un échange ou un remboursement. S’il a déjà quelques heures de vol, passez une petite annonce ! Il convient malgré tout de raison garder. Il faut qu’il de vraies différences pour déclarer un écran mauvais. Pour les écrans en dessous de 500 €, rares seront ceux vraiment uniformes.

exemple d'écran non uniforme, on voit des zones moins noires
exemple d’écran non uniforme, on voit des zones moins noires

 

À ma connaissance, ce test est le seul qu’on peut facilement mener, sans outil particulier. Et surtout, la plupart des outils de calibration (les sondes externes surtout) ne seront en mesure de vérifier l’uniformité que sur une zone réduite, souvent inférieure à 8 cm. À moins d’investir dans des écrans haut de gamme, à sonde intégrée.

Delta E

Le delta E est une notion souvent moins connue, mais régulièrement mise en avant par les testeurs. Il s’agit d’une mesure de distance entre 2 couleurs placées dans un même espace couleur. Cette mesure est calculée par rapport à un espace couleur de référence (le CIE L* a* b*). Elle fait l’objet d’une formule mathématique légèrement complexe et régulièrement enrichie au fil du temps.

La seule chose à vraiment connaître dans cette notion, c’est ceci :

  • Delta E > 2 : L’œil humain est en mesure de discerner une différence entre 2 nuances d’une même couleur. Néanmoins, plus on est proche de la valeur 2, plus les conditions de comparaison devront être favorables.
  • Delta compris entre 1 et 2 : À moins d’être un expert et de disposer d’un œil exceptionnel, il devient impossible de distinguer une différence.
  • Delta E en dessous de 1 : L’œil humain étant dans l’impossibilité de distinguer des différences, le chiffre indiqué ne sert plus qu’au podium !

Gamut

Ou espace couleur

Le gamut est la capacité d’un dispositif à afficher une gamme, une palette de couleurs. Appelé aussi espace de couleur. Avec le temps, les espaces de couleurs se sont étendus, au fur et à mesure que les dispositifs de reproduction ont augmenté leur capacité à reproduire les couleurs.

Superposition des principaux gamuts
Superposition des principaux gamuts

L’espace couleur sRGB est l’un des plus anciens puisqu’il date du début des années 1970. C’est aussi l’un des plus « restreints » en termes de couleurs reproductibles. Depuis, il y a eu des évolutions et l’on dispose désormais d’espaces couleur plus riches en nuance, plus saturés. On citera l’AdobeRGB 98 ou le Profoto RGB pour les plus connus. Par contre, le sRGB a un avantage essentiel, celui d’être le plus petit dénominateur commun de la plupart des espaces couleur existant. Ce qui veut dire qu’une image, dont les couleurs sont contenues dans cette palette de couleurs, pourra toujours être affichée de manière identique, quel que soit le dispositif de reproduction.

Parce qu’il existe le danger de développer une image dans un espace de couleurs étendu et que, lors d’une reproduction sur un autre écran ou lors d’une impression, certaines nuances ne puissent être reproduites, étant absentes de cet autre gamut. Il y a certes des algorithmes pour compenser, mais ce ne sera pas la même chose.

Autant que possible, choisissez un écran capable d’afficher le spectre Adobe RGB, car qui peut le plus peut le moins.

Dès lors, quel espace de couleur adopter ?

Le sRGB ou l’Adobe RGB 98 ? À moins de s’orienter vers le Profoto ? À vrai dire, les cas où l’on doit préférer les gamuts élargis (par rapport au sRGB) c’est dans ces cas particuliers de macro d’herbe verte (après la pluie, mais avec gros soleil), des photos de vêtements avec des teintes dominantes en studio et au flash, ou encore pour traiter les photos de mer turquoise. Dit plus simplement, quand il s’agit de photos très, voire extrêmement saturées. Dans ces cas particuliers, loin d’être aussi fréquents que l’on croit, le risque est de transformer les brins d’herbe ou la mer turquoise en des aplats sans nuances lors d’une impression.

Dans tous les autres cas, les plus nombreux, l’apport de l’Adobe RGB 98 n’est pas aussi important que l’on pourrait croire. La différence entre les 2 gamuts existe, mais n’est pas insurmontable. Surtout si on n’imprime jamais ! Et si vous imprimez, il conviendra alors de vérifier l’espace couleur dont votre imprimante dispose.. Et du papier utilisé (car cela aura aussi une grande influence sur le résultat final).

Les appellations commerciales

Un dernier point à garder en tête, celui des arnaques des mentions commerciales « Large Gamut » et autres « Wide Gamut ». Il ne s’agit pas d’une notion claire. Il s’agit là purement de termes commerciaux pour mettre en avant la marque. Sans compter qu’une même appellation pourra avoir une interprétation différente selon les marques. La seule vérité est la couverture en % d’un spectre sRGB ou Adobe RGB, car c’est le seul élément mesurable, vérifiable.

Calibration

Le calibrage  est réalisé à l’aide d’un outil que l’on nomme sonde, colorimètre ou encore spectrophotomètre. Calibrer son écran, cela prend environ 5 mn une fois par mois. À l’issue du process, un profil d’écran est créé (la première fois) ou mis à jour. Les bénéfices sont triples :

  • Des couleurs justes, moins flatteuses, sans exagérations.
  • Une augmentation de la durée de vie de votre matériel (il émet moins de lumière, il est plus économe)
  • Une réduction de la fatigue oculaire (moins lumineux & moins de lumière bleue)

Ce profil est une sorte de table de correspondance dédiée à un écran. Pour afficher une couleur précise (connue et définie mathématiquement) sur un écran, il faut que l’ordinateur applique une correction contenue dans le profil. Sans cette correction, un rouge pourrait apparaître rosé ou orangé.

Pour rappel, ce profil est spécifique à l’écran qu’on a mesuré. Chaque écran est unique et prendre un profil pour un modèle donné et l’utiliser avec un écran d’une autre marque, c’est apporter des corrections qui ne sont pas prévues, c’est volontairement se plonger dans les ennuis. Certains sites proposent un profil générique en téléchargement pour leur lecteur. Attention, il convient de faire très attention et vérifier que le profil téléchargé est bien celui qui correspond à votre écran. L’utiliser sera alors un moindre mal, car il apportera déjà une correction de l’affichage des couleurs. Mais ce profil ne tiendra pas compte des conditions spécifiques de lumière et d’éclairage de la pièce où vous travaillez. Sans compter que, dans le temps, il peut y avoir une « fatigue » de l’écran qui s’installe. D’où la nécessité de recalibrer régulièrement.

Attention, il ne faut pas confondre les espaces couleur, les fameux gamuts, vus ci-dessus (sRGB, AdobeRGB 98, Profoto RGB, etc.) qui sont des normes et le profil de votre appareil de reproduction (écran, vidéoprojecteur ou encore imprimante). Comme cela a déjà été dit, les espaces couleur indiquent un spectre de couleurs capables d’être reproduites à l’écran. Tout juste peut-on dire qu’un écran (bien calibré) sera capable de couvrir xx % d’un espace couleur.

Alors, acheter quoi ?

Pour savoir quoi acheter à un instant T, il faut suivre l’actualité et effectuer des tests régulièrement. En disposant de tests reproductibles. Ce dont je ne suis pas en mesure de faire. Aussi, je vous conseillerais d’aller regarder sur le site d’Arnaud Frich, qui fait un excellent boulot en la matière.

Je me contenterais de proposer une sélection de quelques modèles à prix raisonnable, valable que pour cette fin d’année 2018

À moins de 200 € Dell P2419H 24″ 180 € environ
Entre 201 et 700 € BenQ SW240 24″ 450 € environ
  Dell UP2516D 25″ 4K 460 € environ
  Eizo CS2420 24″ 670 € environ

 

Maintenant que vous disposez d’informations suffisantes, il n’y a plus qu’à passer à l’achat…

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