C’est quoi une photo ? Se résume t-elle à des données techniques ? Les Exifs, ces données techniques sont-elles indispensables à la compréhension d’une photo ?
Ces interrogations sont nées d’une discussion sur un forum. Certains prônaient la publication de photos avec les Exifs obligatoires. D’autres, dont moi, soutenaient que ce n’était pas nécessaires.
Pour les premiers, si on a pas les Exifs, alors on ne peut pas comprendre ce que voulait faire l’auteur, ni s’améliorer.
Exif : Exchangeable image file format. Ce sont des métadonnées inclues dans les fichiers de type JPEG ou RAW. Les données incluses concernent l'appareil, l'horodatage, son mode de fonctionnement (Auto, manuel, etc.) et les caractéristiques de la photo (objectif, focale, iso, vitesse, etc.).
La technique est nécessaire pour faire de la photo. Il faut la comprendre. Mais elle n’est pas suffisante pour faire de la photo.
L’idée de base est que pour être un meilleur photographe il faut en permanence être technique. Résultat, on s’y réfère en permanence et on cherche tous les moyens pour y revenir, toujours et encore. Et on finit par croire que la photographie c’est la technique. C’est même inconscient, tellement que tout ce que l’on fait dans des clubs photos, c’est des discussions techniques. On va visualiser des photos qui seront techniquement décortiquées.
On préfère parler technique que émotion, le premier étant quantifiable, domptable, maitrisable. Rassurant.
Sauf que c’est faux.
Faire de la photo, ce n’est pas avoir le Nikon D810 ou le Canon 5Ds avec le dernier 85 f/0,5 afin de faire un shoot qui soit ni sur-ex, ni sous-ex, qui ne vignette pas, qui n’a aucun bruit. Non, on peut faire de très bonnes photos avec un 18-55. Certes, elle sera moins piqué, moins définie. Et alors ? Une photo se résume qu’à ça ?
La meilleure méthode pour progresser c’est de prendre les bases, les répéter comme des gammes de piano. On shoote en répétant les quelques règles. On pratique, on assimile et on les dépasse. De manière plus simple, on oublie la technique parce qu’on la possède pour se concentrer sur la prise de vue. Résultat, la technique est présente mais ce n’est plus une béquille.
En regardant une photo, on s’aperçoit rapidement si elle a été prise à grande ou basse vitesse, si l’ouverture est grande, faible ou petite). Certes, ce n’est pas les chiffres exacts, mais c’est suffisant. Pas besoin d’Exifs.
C’est comme au vélo, faut enlever les roulettes.
De plus, les règles ne dont faites que pour être transgressées. quelque part, si on y réfléchit, le high-key, c’est une transgression des règles techniques initiales.
Quand je regarde une photo, les premières choses que je me dis sont les suivantes :
- Qu’est ce que je ressens ?
- Qu’est ce que je comprends ?
- Qu’est ce que l’auteur a voulu (à mon sens) montrer ?
- A t-il réussi ?
et jamais :
- Est ce que c’est bien cadré techniquement ?
- La règle des tiers est-elle respectée ?
- C’est sur-ex ou c’est sous-ex ?
Éventuellement, cela sert à départager… Et encore ! Une photo est réussie quand on ressent quelque chose en la voyant. Et cela, jamais ce sera dans les Exifs.
En quoi mes réglages qui correspondent à un moment précis, un endroit précis et une lumière donnée va pouvoir aider une autre personne ? Entre ouvrir à f/8 et f/9, la différence sera faible. Idem pour une vitesse entre 1/200 et 1/250e…
Ce qui compte, c’est connaitre les fondamentaux (les contraintes ISO-Vitesse-ouverture). Après, cela dépendra.
C’est sans doute pour cela que je commente rarement les photos car seule la technique est demandée (surex, sousexs, ouvrir, fermer, les tiers, etc.).
Mais quand je le fais avec mes potes, j’essaye d’éviter le « ta photo est sur-ex, dommage tu as raté« , mais plutôt « la photo est sur-ex, est-ce volontaire, cela fait-il ressortir ce que tu voulais montrer ?« . Ou alors : « c‘est sur-ex, pourquoi ?« , « pourquoi as-tu cadré ainsi ?« , « en recadrant de cette manière, cela ne ressort pas mieux ?«
Vous comprenez la nuance ?
En fait, je m’en contrefiche assez des Exifs
Quand je prends une photo, je vais m’interroger sur la lumière disponible à ce moment là, me demander si je veux figer le mouvement ou au contraire l’accompagner, si je veux du bokeh ou au contraire une grande profondeur de champ. Ensuite je vais choisir mon mode d’exposition et les réglages en fonction. Je compose et je shoote.
Tout le reste n’est que bla-bla, masturbation du cerveau…