Régulièrement, j’entends, je lis ou je vois des choses qui m’énervent. Aujourd’hui, c’est sur l’éternel débat entre les apôtres de la focale fixe et les évangélistes du zoom. Débat sans fin qui peut rendre perplexe un débutant.
Les zooms n’ont pas une bonne réputation en termes de qualité, de piqué. C’est principalement une question de physique. Un zoom est complexe à concevoir, nécessite beaucoup de lentilles afin d’obtenir de grandes amplitudes. Et la formule optique se complexifie si on souhaite de grandes ouvertures.
Résultat des courses, beaucoup de zooms ne sont pas des cadeaux. Les critiques sont nombreuses et très souvent justifiées. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il existe quelques zooms qui sont tout simplement géniaux, suite aux importants progrès réalisés. Certains sont capables de tutoyer les très bonnes focales fixes. Sans compter que les zooms sont polyvalents et qu’ils sont donc, de fait, irremplaçables.
Rien de plus rageant que de devoir changer d’objectif alors qu’il y a un bon sujet qui se présente, parce que la focale n’est pas suffisante. Certes, on peut zoomer avec les pieds, mais cela peut se révéler dangereux ! (importante recrudescence des accidents dus aux selfies). Sans compter qu’on s’aperçoit assez vite que la perspective est totalement modifiée entre une focale courte et une focale longue. Se déplacer n’est pas zoomer !
Si une focale fixe produit certainement la meilleure image, le zoom, de par son range, permettra sans doute d’avoir la bonne image au bon moment. Et c’est ce qui va compter pour moi et de nombreux photographes.
Apôtre de la focale fixe
Ce qui est amusant, c’est que les plus grands apôtres des focales fixes ne sont pas des pros, mais des amateurs qui se disent éclairés. Des puristes jusqu’au-boutisme. Il faut d’ailleurs les entendre prêcher. C’est parfois caricatural tellement ils sont drôles. Même s’ils ont raison sur un point précis : pour une focale donnée, une focale fixe permet souvent des clichés de meilleure qualité qu’un zoom. Parce qu’une focale, c’est plus simple à concevoir et qu’un zoom, ce sera toujours le résultat d’un compromis.
L’apôtre a de solides arguments, tournant essentiellement autour de la qualité de l’image obtenue. Et les critiques il n’en a que faire. Il n’hésite pas à vilipender les adeptes du zoom, les traitants parfois plus bas que terre. C’est vrai qu’un « vrai » photographe n’utilise que des focales fixes… Enfin dans ses rêves !
Quant au prix d’une focale fixe, il peut s’avérer excessif. Le Pentax FA 31 f/1.8 coûte 1500 € par exemple. Mais à côté de lui, le DA 35 mm f/2.4 ne coûte que 149 €. Et il est très loin d’être mauvais.
Évangéliste du zoom
Les arguments sont inverses. Un bon zoom, coûte cher, mais moins que si on achetait toutes les focales fixes nécessaires à faire la même chose. Certes la qualité d’un cliché ne sera pas exceptionnelle (quoique !), mais au moins, on ne l’aura pas loupée parce qu’on changeait d’objectif au moment fatidique.
Une focale fixe pèse moins lourd qu’un zoom (quoique le DFA* 70-200 f/2.8 pèse 2 kg !), mais quand on commence à avoir plusieurs focales fixes avec soi, on peut plus dire que le sac soit léger ! Quoique, cet argument est bancal, car un 70-200 à 2kg et un 24-70 à 1kg, le poids est conséquent.
Quelques idées reçues
Changer d’objectif, non seulement on prend le risque de mettre de la poussière, mais c’est aussi le meilleur moyen de louper une photo.
Déjà, il faut apprendre à changer les objectifs en mettant le boîtier tête en bas et en se mettant à contre-vent. Ensuite, pour ne pas louper de photos, tu choisis une seule focale fixe et tu t’y tiens. C’est à toi de changer d’angle ou de distance. On avançant ou en reculant, tout en faisant attention, un accident étant très vite arrivé.
Petit apporté : j’ai toujours dit que, s’il fallait soigner son cadrage au moment de la prise vue, il fallait le faire de manière plus large afin de laisser de la matière autour du sujet principal. Et c’est au moment du post-traitement qu’on le finalise comme on le souhaite. C’est sans doute un reste de mes années argentiques, où j’ai appris que le cadrage final se faisait avec l’agrandisseur.
Avec les focales fixes, on zoome avec ses pieds
Oui, mais non. C’est peut-être l’une des plus grandes idées reçues que les adeptes de la focale fixe répandent. Oui, avancer ou reculer va agir sur la distance nous séparant du sujet photographié. Mais non, jamais un 50mm ne sera un 31mm un peu plus proche du sujet ! Être à 10 m avec un 50mm, ce n’est pas du tout être à 6 m avec un 31mm. Je ne comprends même pas qu’on puisse le croire.
Alors, comme les exemples visuels sont souvent plus parlant, voici 2 photos. J’ai utilisé un 24-70 sur un FF pour prendre ce cliché. J’ai essayé de conserver le sujet au même endroit de la photo. L’ouverture est inchangée l’ouverture reste inchangée (f/2.8). À gauche, la photo a été prise à environ 8 m, mais à 70 mm. À droite, j’étais plus proche, environ 3 m, mais à 24 mm. Vous voyez la différence sur l’arrière-plan ? Convaincu, j’espère.
Le zoom empêche de réfléchir
Alors, je ne sais plus où j’ai lu cette idiotie, mais c’est est bien une. D’accord, les photographes avec un zoom à tout faire, vous savez ceux qui ne bougent que deux parties de leurs corps, l’index pour déclencher et le poignet pour zoomer, on en a tous vu, tous connus. Peut-être même que vous avez été ainsi. En tout cas, je l’ai été quand j’ai recommencé la photo avec le numérique et des zooms de type 18-250. Mais ce n’est pas parce que vous avez un zoom qu’on ne réfléchit pas et que c’est parce qu’on a une focale fixe qu’on va penser la photo.
Une composition, ça se soigne. Donc ça se pense. Focale fixe ou pas. Cette dernière ne favorise pas la réflexion. Celle-ci résulte d’un état d’esprit.
Qu’acheter ?
Si vous êtes libre de vos mouvements, que vous aimez vous déplacer afin de trouver le cadrage qui vous convient, que vous pratiquez majoritairement un style de photo (paysage, portrait), alors adoptez les focales fixes. Chez Pentax, le 35 et le 50 existent dans des modèles premiers prix qui vous permettront d’utiliser de plus grandes ouvertures (f/2.4 et f/1.8 pour les susnommés). Elles ont juste deux défauts. Le bruit (le mode silence est inconnu) et l’autofocus semblent un peu moins optimisés que leurs consœurs plus chères. Ce qui n’empêche pas ces objectifs d’être excellents.
En dehors de ces modèles abordables, les 21 mm ou autres 100mm sont au-delà de 500 €. Chacun. Sans compter qu’il existe pléthore de focales fixes d’anciennes générations, trouvables en occasion et qui fonctionnent encore très bien sur les boîtiers d’aujourd’hui.
La solution d’un petit zoom permet souvent d’avoir des objectifs excellents, tout en remplaçant avantageusement des focales fixes dans nombre de situations. En Full Frame, le DFA 24-70mm et le DFA* 70-200mm sont les exemples parfaits. En APS-C, ce seront les 17-50 (ou 16-50) et le DA 50-135.
Avec ces optiques, vous couvrez une plage de focales intéressantes tout en bénéficiant d’une ouverture constante à f/2.8. Le seul bémol qu’on pourrait opposer à cette solution c’est la qualité d’image et le prix.
Du point de vue qualitatif… C’est selon. Si chez Canon, le 24-70mm f/2.8 est une merveille, ce ne fût pas le cas pour Nikon avec son nouveau 24-70mm f/2.8 VR (qualifié par certains d’accident industriel). Côté prix, la note est salée avec 2700 € pour le Canon et 2500 € pour le Nikon. Les excellents 24-70mm f/2.8 ne sont pas franchement à la portée de toutes les bourses.
Pour l’étage supérieur (les 70-200), même motif, même punition. Le Nikkor 70-200mm f/2.8 VRII est une optique parfaite, comme son homologue chez Canon ! Et les deux franchissent la barre des 2000 €.
Finalement, le prix des Pentax (1300 € pour le 24-70 et 2000 € pour le 70-200) est dans la logique du marché haut de gamme. À noter que ces deux objectifs sont eux aussi excellents.
La règle selon laquelle en photographie il n’y a aucune règle se vérifie encore une fois. C’est à chacun d’adapter son matériel en fonction de ses besoins. Les arguments pour l’un ou pour l’autre se valent. Je pense qu’il s’agit d’une affaire de personnalité et des activités photographiques que l’on mène.
Pour ma part, je possède aussi bien des focales que des zooms. Les deux sont compatibles si on n’est pas sectaire. C’est le contexte qui va décider. Ainsi, 60 à 65 % de mes photos sont réalisés avec des zooms, parce que je suis souvent en extérieur et que je les trouve plus pratiques, plus adaptées. Après le passage au full frame, les D-FA 15-30, 24-70 et 70-200, tous trois en f/2.8, composent la base de mon sac en extérieur. Parfois, j’y glisse aussi le DA* 200. Cela va dépendre de ce que je vais faire. Par exemple, pour les paysages, le D-FA 15-30 est l’objectif par défaut.
Mais bien que zoom addict, les focales fixes ne sont pas reniées. Elles sont plutôt cantonnées pour toutes les activités portraits et studio (FA 50, FA 77 et le futur D-FA 85… s’il sort un jour).
Question de souplesse dans la prise de vue…