Gigapixels AI. Oui (aussi), mais encore… ?
Il y a quelque temps, j’ai abordé le nouvel outil de Photoshop, Adobe Super Résolution. Un outil assez efficace pour redimensionner une image tout en augmentant la résolution. Et bien, il n’est pas le seul. La société Topaz propose elle aussi son logiciel de redimensionnement amélioré, basé, comme par hasard, sur l’Intelligence Artificielle. Comme par hasard… (ou pas !)
Il n’y a sans doute pas de hasard, car l’IA apporte une aide précieuse pour ce type d’opération. Il est donc naturel que les éditeurs de logiciels s’y dirigent et que les développeurs tentent de concevoir des algorithmes qui apprennent et qui réfléchissent. Avec à la clé, parfois, des réussites.
Rendons à Gigapixels AI…
Ce qui peut-être lui appartient. Le logiciel Gigapixels AI est antérieur à la récente fonctionnalité Adobe Super Résolution. Adobe a peut-être emprunté l’idée à Topaz. En même temps, redimensionner tout en augmentant la qualité est une obsession déjà ancienne, puisqu’on en parlait dans les années 90 (1990). Sans y parvenir malheureusement, la technologie n’étant pas aussi avancée. Une obsession dont on pourra trouver les raisons dans l’article susnommé.
Besoin similaire et manière d’y parvenir qui le sont tout autant. Il s’agit d’augmenter la résolution linéaire horizontale et verticale lors d’un redimensionnement d’image. En inventant les pixels manquants à partir de ceux qui les entourent et sans doute d’autres procédés d’algorithmes neuronaux, à l’instar de ce que propose désormais Adobe.
Un fonctionnement simple
L’interface de Gigapixels AI est simple, et son utilisation l’est tout autant. Il suffit de déposer une image, de choisir le type de redimensionnement et de lancer le traitement. Suivant la puissance de votre ordinateur, la taille de l’image d’origine et la résolution souhaitée (x2, x4, plus), il faudra compter environ 45 s pour obtenir un nouveau fichier. On notera la présence d’outils destinés à rendre plus « propre » l’image finale, comme la réduction du bruit.
Le fichier de destination peut-être un JPEG, RAW (conteneur DNG), TIFF et même PNG.
Un petit test et un comparatif en passant
Topaz proposant une version d’essai de son logiciel Gigapixels, rien de plus facile que de le tester. L’image de départ est ancienne, prise avec un Minolta Dimage 7i en avril 2003. Elle mesure 2100 x 1400 pixels (environ 3 Mpx). C’est là qu’on s’aperçoit de l’évolution des capteurs et des technologies !
Après avoir déposé une image (Gigapixels sait gérer aussi des dossiers d’images), celle-ci apparaît, accompagnée au bout de quelques secondes par une prévisualisation du futur résultat. Lequel tient compte des paramètres retenus (colonne des outils à droite).
Ici, j’ai choisi de multiplier par 2 la résolution, passant de 2100×1400 à 4200×2800 (soit 11,7 Mpx !), tout en laissant les autres paramètres aux valeurs d’origine. La prévisualisation laisse apparaître un gain que l’on pourrait qualifier de monstrueux vu qu’on a seulement doublé la résolution. Les détails sont mieux définis comme on peut le voir sur le basalte.
Après traitement, voici ce qu’il en est en réalité. Je trouve le résultat assez bluffant, l’image paraissant moins floue, avec plus de détails. On s’aperçoit qu’il n’y a pas eu simplement doublement des points (chaque pixel étant dupliqué) mais bien un calcul de ce que ces pixels manquants auraient dû être en réalité. Et cela est la vraie avancée. D’autres tests devront être menés en jouant sur les outils complémentaires afin d’obtenir une meilleure idée des possibilités de ce logiciel.


Certains ne trouveront pas le résultat suffisamment bon, s’attendant à quelque chose de plus fabuleux sans doute. Pourtant, l’avancée est réelle. Si vous avez un doute, voici la même confrontation entre une image qui a simplement été interpolée de manière classique dans n’importe logiciel standard, et le résultat de Gigapixels.


Le résultat visuel est sans appel, la version interpolée n’a rien amené, l’image restant floue de toute manière.
Denier point, on constate une nette inflation du poids de l’image, passant de 2,9 Mo pour l’image originale, à 14,4 Mo pour l’image upgradée.
Gigapixels AI ou Adobe SuperSize Résolution, qui choisir ?
Alors, quel outil choisir ? Gigapixel AI ou Adobe SuperRésolution ? La réponse n’est pas si simple. Le second part avec un handicap certain puisque la fonctionnalité d’Adobe n’est disponible que si l’on dispose d’un fichier DNG. Ce qui implique une conversion préalable si ce n’est pas le cas ! Ce n’est pas rédhibitoire et l’on peut penser que cela changera quand l’outil sera disponible pour Lr et Photoshop directement. En attendant, c’est un défaut que n’a pas son concurrent, capable d’accepter du JPEG comme du RAW (pas testé avec tous les types de container, uniquement avec du DNG).
De plus, Gigapixels permet d’aller au-delà qu’un simplement doublement de l’image. Il propose des fonctions avancées complémentaires, non disponibles chez son concurrent. À noter qu’Adobe Super Résolution est moins cher, étant inclus par défaut dans CameraRaw, contrairement à son concurrent pour qui il faudra verser 95 €. Un élément qui pourrait faire pencher la balance pour certains.


Difficile de savoir qui s’en tire le mieux. Les deux offrent des résultats probants. Adobe SuperRésolution semble peut-être meilleur pour les feuilles des arbres, mais c’est léger. Sur les quelques exemples que j’ai réalisés, aucun n’a montré une supériorité claire et nette. La différence viendra, pour le moment, d’ailleurs.
Ces outils ne sont pas que prometteur. Ils sont pratiques, utiles et sauront même à l’avenir devenir indispensables. Même si toutes mes anciennes photos ne méritent pas un « upgrade » en qualité, il y a tout de même quelques clichés qui pourraient profiter de ces procédés. La restauration de photo très vieille pourrait aussi en profiter. Alors, quand l’IA propose des solutions qui vont dans le bon sens, celui d’aider les photographes à mieux exploiter leurs photos, il ne faut pas bouder son plaisir.
image de tête d’article : © Topaz