JPEG ou RAW 1 : Notions

RAW vs JPEG est un débat ancien qui perdure. Entre les adeptes du tout JPEG et ceux du tout RAW, c’est parfois la guerre. Mais est-ce nécessaire ?

 

Le RAW n’est pas une image

Une distinction fondamentale pour commencer :

Le JPEG est un format d’image et donc, elle est visible immédiatement et utilisable. Le RAW n’est pas un format d’image et pour voir le cliché, il faut à minima une interprétation des données…

Un fichier RAW est beaucoup plus complexe. Il faudra le voir comme un conteneur où l’on trouvera :

  • L’enregistrement des données brutes du capteur,
  • Un ensemble de données sur le boîtier et sur la prise de vue,
  • Une image JPEG en basse résolution afin de pouvoir un premier aperçue du cliché, avant l’interprétation des données brutes par un logiciel.

Il est aussi caractérisé par le fait de n’avoir subi que peu de modifications informatiques. Dès lors, pour obtenir une image à partir de ce fichier, il faudra effectuer une série de traitements. Ces traitements peuvent être appliqués soit directement dans l’appareil photo, soit plus tard, au travers de logiciels spécialisés sur un ordinateur.

C’est la raison pour laquelle, en référence à la pellicule photo, on qualifie souvent le RAW de négatif et qu’on parle de développement du RAW.

Autre point à retenir : si le JPEG est un format d’image universel lisible sur n’importe quel ordinateur fonctionnant sous MacOS, Windows, Linux, iOS, Android et autres, ce n’est pas le cas des fichiers RAW. Ces derniers n’étant pas des images, soit le système d’exploitation est en mesure de lire le JPEG basse résolution présent dans le conteneur, soit il sait interpréter basiquement les données pour les transformer en image. Ce qui n’est pas le cas de Windows aujourd’hui. 

mon premier RAW, 9 avril 2008
mon premier RAW, 9 avril 2008 – pas une réussite ce cliché !

 

Pour finir, il n’existe pas un conteneur RAW mais des dizaines. Sous la même appellation « maison » (.CR2 pour Canon, .NEF pour Nikon, .PEF pour Pentax), il existe des variantes selon les boîtiers. Ainsi, le CR2 d’un EOS 600D ne sera pas le même que celui d’un EOS 5 D. Pareil pour Pentax où le PEF d’un K-20D ne sera pas celui d’un K-3. Ce qui explique pourquoi chaque nouveau boîtier nécessite une mise à jour des logiciels de Post-Traitement de l’image (Adobe Lightroom, DxO, Capture One, RawTherapee, etc.). On notera une tentative d’unification des conteneurs RAW au sein de la norme DNG, mais à ce seul seul Pentax semble s’y intéresser.

Poids de l’image et impact sur le stockage

Un fichier RAW est lourd, très lourd. Ainsi, un boîtier Plein Format doté d’un capteur de 36 Mpx va produire des fichiers RAW de 50 Mo en moyenne (cela varie). En JPEG, pour une même taille d’image (7360 x 4912 pixels), le poids variera de 4,6 Mo (compression importante) à 19,6 Mo (compression faible).

Les fichiers en RAW sont donc beaucoup plus lourds que les homologues JPEG. Cela induit un temps de transfert des fichiers plus important, mais surtout nécessite un espace de stockage nettement plus vaste. Et donc plus onéreux. Ainsi, dans un disque de 1 To on va pouvoir stocker environ 20 000 RAW ou 50 000 JPEG. La différence est énorme ! Certes, les tarifs de disques durs et autres moyens de stockage ont fortement diminué, mais cela n’a pas tout résolu.

Si on stocke chez soi, il conviendra d’augmenter régulièrement la capacité de l’espace disque. À la mi-2015, mon disque dur de 2 To est utilisé à plus de 62 % (1, 25 To) et avec l’arrivée des Plein Format, dans 2 ans ce disque dur sera plein et il faudra envisager un nouvel achat. Si on stocke sur le Cloud, une tendance importante semble-t-il, non seulement les seront important, mais les temps de transfert en upload/download vont exploser.

Dernier point, les cartes mémoires. Sur mon APS-C actuel, j’utilise essentiellement des cartes de 32 Go. Le Plein Format demandera un investissement dans des cartes plus importantes (des 64 Go sans doute), mais aussi plus rapides pour diminuer les temps d’écriture (pour cela, il faut acheter des cartes dont les spécifications minimales soient égales au taux d’écriture maximal du boîtier).

Une supériorité du RAW

Là où le fichier RAW va se montrer supérieur à l’image JPEG, c’est que le premier va conserver TOUTES les informations de la prise de vue en RAW, ce que ne fera pas le second. Par exemple, dans les données du RAW, on va pouvoir exploiter la luminance et la chrominance de manière séparée. Si on touche à la lumière, les couleurs ne vont pas changer de nuances. Pour gagner de la place, lors de la création du JPEG, luminance et chrominance vont être fusionnées (pour les plus anciens, cela rappelle furieusement les différences entre la VHS et la S-VHS !). Ce qui explique pourquoi il est extrêmement compliqué, voire impossible, de modifier correctement une balance des blancs ratée. 

Il convient de garder à l’esprit que, le fichier RAW disposant de tellement plus d’informations qu’une image JPEG, les possibilités de Post-Traitement seront nettement plus importantes. On pourra même retrouver des informations dans les zones de hautes lumières ou de basses lumières.

Traitement obligatoire

Le premier de ces traitements se nomme le dématricage. Il faut savoir qu’un capteur (à de rares exceptions près) « voit » la couleur de manière étrange. En effet, la moitié des capteurs ne voient que la couleur verte, un quart la couleur rouge et le dernier quart, la couleur bleue. Ceci, grâce à une matrice que l’on nomme « matrice de Bayer ». Le dématricage consiste à recréer, pour chacun des pixels, les 3 couleurs, par extrapolation, selon des formules mathématiques complexes.

Le dématricage est effectué soit au sein du boîtier si le mode JPEG est choisi, soit via l’ordinateur grâce à des logiciels comme Lightroom, DXO, Capture One et d’autres.

Quand le mini-ordinateur de l’APN transforme le RAW en une image JPEG finie, son apparence est alors déterminée par un certain nombre de réglages prédéfini, comme la balance des blancs, le traitement du bruit, la luminosité ou le contraste. Dès que le traitement aura été appliqué, l’image sera sauvegardée dans ce format destructif et compressé. Par la suite, il sera compliqué de modifier ces traitements. Contrairement à un fichier RAW où presque tout est possible, une image JPEG imposera des contraintes à des retouches postérieures. Par exemple, la balance des blancs est figée, sans espoir de modifications fondamentales.

cliché pris en jpeg
cliché pris en JPEG, on notera que les nuages cubains sont particulièrement cramés, sans possibilité de rattraper

 

Le RAW quand a lieu, est brut. Une fois transférée dans l’ordinateur, il va falloir passer beaucoup de temps, car tout doit être réglé. Mais les possibilités sont nombreuses pour agir finement et le développement fait partie intégrante du travail d’un photographe. Coté plus, plus de couleurs (échantillonnage à 14 bits en RAW au lieu de 8 bits en JPEG, soit 16384 nuances par couleur primaire au lieu de 256), plus de profondeur dans les blancs et les noirs permettant de la récupération d’informations sur les hautes et basses lumières. Sans compter qu’on peut régler la balance des blancs sans dégradation.

On peut donc affirmer qu’un fichier RAW sera toujours supérieur à une image JPEG et qu’il faut plutôt privilégier le premier au détriment du second.

Oui, mais…

Ce n’est pas toujours exact. Il existe de nombreux cas de figure où le mode JPEG peut s’avérer très intéressant.

Par souci de rapidité tout d’abord. Le post-traitement prend du temps. Dont on ne dispose pas toujours. Le choix du JPEG se comprend alors, d’autant mieux que de nombreux modes scéniques sont proposés et que ces derniers peuvent s’avérer très efficaces. Les photographes de sports que l’on voit autour des stades utilisent le mode JPEG afin de proposer très vite des photos aux médias. Surtout quand il est tard et que l’impression est proche.

Par un besoin de montrer très rapidement le résultat aux intervenants en grand format, sur un écran. Le JPEG est alors imbattable. De plus, certaines agences de presse exigent que les photos fournies soient en JPEG direct boîtier et non venant d’un dématricage externe. Le but serait ici d’éviter des « transformations » de la photo en post-traitement.

Il existe d’autres besoins selon les personnes.

 

Alors, JPEG ou RAW ? Même si, de par mes pratiques, j’ai choisi de shooter en RAW, il m’arrive d’utiliser parfois le JPEG quand certaines circonstances l’imposent. Mais c’est rare…

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