JPEG vs RAW

JPEG vs RAW, ce n’est pas la première fois que j’évoque ce débat entre les deux « formats ». Cela fait même longtemps que je prône la prise de vue au format RAW quand cela est possible. Mais, il convient de reconnaître que tout le monde ne peut pas se lancer dans le RAW. Ceci pour différentes raisons, comme le besoin de remettre rapidement vos clichés à un tiers (pour différentes raisons), le manque de temps pour développer ou l’absence d’appétence pour ce sujet !

 

Avant de commencer, un rappel d’une distinction fondamentale : le JPEG est un format d’image et donc, elle est visible immédiatement et utilisable. Le RAW n’est pas un format d’image.

Un fichier RAW est beaucoup plus complexe. Il faudra le voir comme un conteneur où l’on trouvera :

  • L’enregistrement des données brutes du capteur,
  • Un ensemble de données sur le boîtier et sur la prise de vue,
  • Une image JPEG en basse résolution afin de pouvoir un premier aperçu du cliché, avant l’interprétation des données brutes par un logiciel.

Pour obtenir une image à partir de ce fichier, il faudra effectuer une série de traitements. Ces traitements peuvent être appliqués soit directement dans l’appareil photo (on obtient alors un JPEG), soit plus tard, au travers de logiciels spécialisés sur un ordinateur.

C’est la raison pour laquelle, en référence à la pellicule photo, on qualifie souvent le RAW de négatif et qu’on parle de développement du RAW.

Il n’y a pas très longtemps, lors d’un gala de danse, j’ai fait des clichés en RAW+JPEG. Sur deux cartes séparées. En sortant, j’ai donné ma carte JPEG à quelques personnes intéressées. Les fichiers de la carte RAW ont été traités sous Lr dans la semaine. Quinze jours plus tard, la carte mémoire JPEG m’a été rendue. Et j’ai visionné le résultat ! J’ai eu un choc en les comparant. Pas que le résultat JPEG était mauvais, Pentax s’en sortant mieux que d’autres, mais parce qu’il était assez éloigné de ce que j’attendais.

Conditions de prise de vue

Avant de passer à quelques comparaisons, il est nécessaire de replacer le contexte. Les photos ont été prises avec un boîtier Pentax K-1 et un zoom Pentax DFA 70-200/2.8. Les conditions de lumières étaient compliquées, ce qui a conduit à utiliser des plages ISO supérieures à 6000. Les réglages du boîtier étaient les suivants :

  • Prise de vue en mode Manuel
  • Balance des blancs : AWB
  • Pas de correction de la clarté
  • Compensation des hautes lumières : auto
  • Compensation des ombres : faible
  • Pas de réduction du bruit
  • Ligne de programme : auto
  • Mesure de l’exposition : auto
  • Courbe de correction couleur : éclatant
JPEG vs RAW brut

Face à face, le JPEG obtenu par le boîtier et un JPEG obtenu par un export du RAW brut sans développement.

1/100s à f/6.3, ISO 6400 [JPEG / RAW]

Dans la version JPEG, la couleur rose semble saturée à outrance tandis que la peau des demoiselles tire un peu sur l’orange. Par contre, la plume tenue par la jeune fille est correctement détaillée. C’est comme si la balance des blancs a été faite sur elle, engendrant une réaction en cascade. L’interprétation brute du fichier RAW est plus neutre. Mais tout reste à faire afin de faire ressortir les détails.

JPEG vs RAW développé

Face à face, le JPEG obtenu par le boîtier et un JPEG obtenu par un export du RAW développé.

Pour le développement, il y a une très légère réduction du bruit. Le reste est du développement classique (balance des blancs, expo/contraste, hautes lumières/ombres/blancs/noir et +6 en clareté).

1/200s à f/6.3, ISO 6400 [JPEG / RAW]

Un JPEG trop contrasté qui laisse des détails sur le carreau et dont la balance des blancs apporte une dominante bleue excessive. A contrario, le traitement du RAW est plus intéressant, mieux détaillé, même si on regrettera une image un peu trop lumineuse. Légèrement plus sombre et le cliché aurait été parfait.

 

1/100s à f/6.3, ISO 6400 [JPEG / RAW]

L’image proposée par le fichier JPEG est déjà excellente. Tout juste pourrait-on lui reprocher une balance des blancs qui donne une dominante rouge orangé, surtout au niveau de la peau. La version issue du développement du fichier RAW est certes plus juste dans ce domaine, mais est plutôt ratée pour le reste, car il manque de profondeur dans les noirs (les noirs ne sont pas assez noirs !). Une faute dans le post-traitement. Heureusement que, tant qu’on a l’original RAW, on peut toujours faire une nouvelle interprétation, voire corriger une existante !

 

1/100s à f/5.6, ISO 12800 [JPEG / RAW]

Dans ce dernier exemple, le traitement du fichier RAW a posteriori permet de proposer un cliché plus équilibré que le JPEG. L’aspect cramé des buts lié au spot très puissant (partie supérieure droite)a été restreint. Par contre, le chouchou bleu, présent dans les cheveux de la jeune fille en haut à gauche dans la version JPEG, a presque disparu de la « version » RAW. Un effet collatéral bien malheureux qu’un post-traitement plus poussé pourrait arranger.

Et…

Il est clair que les clichés bruts sont déjà, en matière de qualité et de précision, supérieurs à ce que le boîtier propose. De plus, en quelques clics de souris par photo, le résultat a été amélioré facilement.

La différence entre les deux clichés m’a interpellé. Après réflexion, je me suis rendu que, depuis que je photographie en RAW, je ne m’étais plus intéressé au paramétrage du boîtier pour tous les réglages affectant le JPEG. Et donc,que j’utilisais les réglages par défaut. Lesquels ne correspondent pas forcément aux situations rencontrées ! Le paradoxe est donc qu’en privilégiant le RAW et un Post-Traitement maison, j’ai, d’une certaine manière, « désappris » mon boîtier.

En cas de prise de vue en mode JPEG, il est impératif de choisir très soigneusement les réglages de votre boîtier, pour tout ce qui concerne la balance des blancs ou les choix de développement interne. Développement sur lequel vous n’aurez pas la main, puisqu’effectuée par le boîtier.

La conclusion est donc simple. Malgré tout ce que les constructeurs nous essayent de vendre, un photographe doit s’investir à minima dans le fonctionnement de son APN. Sauf à vouloir faire absolument confiance aux automatismes de l’appareil. Et alors, advienne que pourra. Le résultat variant de très bons à franchement mauvais.

Il apparaît important que l’utilisateur doive comprendre tous les réglages basiques offerts par les constructeurs. Ce sera mon challenge de cet été.

 

Un fichier JPEG est codé sur 8 bits. Cela veut dire que chaque couleur primaire (le Rouge, le Vert et le Bleu) dispose de 256 niveaux de luminosité (et donc de nuances de couleur). Soit 256 x 256 x 256 couleurs disponibles au total. 

Un RAW est désormais codé en 14 bits, soit 16384 niveaux de luminosité par couleur primaire ou 16384 x 16384 x 16384 couleurs disponibles au total.

Le spectre de couleur est donc beaucoup plus important ce qui implique que les clichés sont plus détaillés, plus nets.

 

Sur le fond, le RAW reste supérieur à ce que peut proposer du JPEG. Peut-être encore plus en cas de prise de vues en conditions complexes. Mais si le premier offre un confort inégalé, c’est au prix d’un temps dont on ne dispose pas forcément. Donc, si vous pouvez, adoptez le RAW. Sinon, ce sera du JPEG, mais dans ce cas, il faut apprendre à maîtriser les paramètres JPEG de votre boîtier afin de réduire un peu les dégâts.

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