La profondeur de champ

Dans la catégorie « C’est quoi ? », voici celui consacré à la profondeur de champ, une notion parfois floue pour certains d’entre nous.

 

Dans la photo, la profondeur de champ tient un rôle important dans la composition et l’espace esthétique d’une image. Elle permet principalement d’accorder une importance à un sujet donnée, en focalisant (ou pas) le regard vers celui-ci. C’est pourquoi il convient de passer quelques minutes à comprendre la notion ainsi que son fonctionnement. Et après quelques travaux pratiques, vous saurez maîtriser son comportement et ainsi améliorer vos clichés.

De la profondeur de champ

Quand on regarde un paysage, une personne ou tout autre chose, on se rend bien compte qu’il existe une infinité de plans. Dans la pratique, on dit qu’il y a au moins 2 plans principaux :

  • le premier plan
  • l’arrière-plan

Les lois de l’optique ne permettent pas que tous les plans soient nets. Dans la pratique, il existe un plan net et une plage qui s’étendra avant et après qui nous paraîtra nette elle aussi, même si elle ne l’est pas réellement. Ce sont les défauts de l’œil qui permettront cet exploit.

La profondeur de champ est donc la zone, en profondeur, où la photo est nette ou presque nette. Cette zone, cette profondeur varie principalement avec deux paramètres, l’ouverture (le diaphragme de votre objectif) et le facteur de zoom (la focale).

 

Il faut aussi retenir que le passage du net au flou entre ces plans (et vice-versa) s’effectue de manière progressive.

Dernier point à conserver en mémoire en termes de composition, le plan de la zone de netteté et la profondeur de champ sont toujours parallèles au capteur l’appareil photo. Il convient d’en tenir compter lors de l’établissement de votre cadrage.

Le rôle de l’ouverture (du diaphragme)

La profondeur de champ est dépendante de l’ouverture du diaphragme. Mais pas que, comme on le verra par la suite. Plus cette ouverture est grande (c’est-à-dire que plus le x du f/x est petit), plus votre profondeur de champ sera étroite. L’inverse est vrai aussi. Plus l’ouverture est petite (c’est-à-dire que plus le x du f/x est grand), plus votre profondeur de champ sera grande, mais avec une qualité de netteté moindre.

À f/1.2, selon la distance de mise au point, la zone de netteté pourra être de plus ou moins 5 cm (si on effectue la map sur le bout du nez, les yeux vont commencer à paraître flous). Et cette zone va augmenter au fur et à mesure que l’ouverture se ferme.

Pour illustrer le propos, voici une série de clichés de piles disposées en ligne. Ils ont été réalisés avec un K-1 mk II et le DFA 50/1.4 avec une mise au point sur le même groupe de piles à chaque fois.

Petit rappel, le flou d’arrière-plan se nomme le bokeh. La qualité du flou est liée au nombre d’éléments composant le diaphragme. En théorie, plus il y en a, mieux c’est. Un diaphragme composé de 9 éléments serait donc meilleur qu’un à 6 éléments. En pratique, ce n’est pas toujours vrai.

Et celle de la focale

Là encore, il convient de s’en prendre aux lois de l’optique ! La focale affecte la longueur de la profondeur de champ. Pour une même ouverture donnée, plus la focale est grande, plus petite sera la zone de netteté. Et plus la focale utilisée est courte, plus étendue est cette zone.

KP & DA ★ 11-18/2.8 - focale : 11mm - 1/200s à f/11, ISO 100
KP & DA ★ 11-18/2.8 – focale : 11 mm – 1/200 s à f/11, ISO 100
K-1 & DA ★ 200/2.8 - focale : 200mm - 1/640s à f/2.8, ISO 100
K-1 & DA ★ 200/2.8 – focale : 200 mm – 1/640 s à f/2.8, ISO 100

L’effet est particulièrement visible sur l’image prise avec un DFA ★ 11-18/2.8 où, à pleine ouverture en ouverture 2.8, les différents plans semblent plus ramassés. Il n’y a pas de vrai flou de profondeur de champ, comme sur l’image prise avec le DA ★ 200/2.8. 

L’exception macro

Une « exception » cependant : la profondeur de champ en macro. Dans ce cas, elle n’est pas directement liée à la focale, mais bien plus au grandissement, même si ce dernier comporte aussi la notion de focale. Elle est liée aussi au diamètre du cercle de confusion, différent sur FF (environ 0,03 mm) et sur APS-C (environ 0,02 mm). En macro, contrairement à d’autres domaines de la photo, on ne peut donc pas calculer la profondeur de champ avec des utilitaires du type de DOFMASTER.

Autre particularité : la profondeur de champ en macro se répartit d’égale façon au-devant du sujet et en arrière du sujet. C’est différent du portrait où la répartition est plutôt de 1/3 devant et 2/3 derrière et du paysage où elle est essentiellement située en arrière du sujet sur lequel est effectuée la mise au point.

D’autres facteurs influencent la PdC également

À commencer par la distance de mise au point, c’est-à-dire la distance qui sépare l’appareil photo du sujet. Plus vous serez proche de votre sujet, plus la profondeur de champ sera faible. Plus vous en êtes éloigné, plus la profondeur de champ s’étendra.

La taille de capteur a aussi une influence sur la profondeur. Plus la taille du capteur de l’appareil photo est grande et plus la profondeur de champ est faible. Plus le capteur est petit, plus la profondeur de champ est importante. En fait, le fameux facteur multiplicateur pour la focale s’applique également à la profondeur de champ. Grosso modo, la profondeur de champ offerte par un F/2.8 sur un APS-C est plus proche de ce que proposerait un f/3.5 sur un FF (pour une même focale).

Après, tout est une question d’habitude, surtout si vous possédez qu’un seul type d’appareil. Vous serez alors naturellement habitué à l’influence du capteur sur la profondeur de champ.

Le testeur de profondeur de champ

Cet article aurait pu s’arrêter à la fin du point précédent. Mais je ne résiste pas au plaisir de rajouter un complément sur le sujet. Vous l’avez sans doute remarqué, quand on modifie la valeur de la profondeur de champ sur votre appareil photo, on ne voit pas le diaphragme s’ouvrir ou se fermer. Cela est dû à une particularité de nombreux appareils photo reflex numériques qui ont un dispositif permettant d’offrir une visée lumineuse en permanence.

Accessoirement, enfin principalement surtout, cela permet aux systèmes de mesures de lumière et d’autofocus de fonctionner correctement, quelle que soit la valeur d’ouverture. C’est au moment du déclenchement que le diaphragme se ferme à la valeur choisie, juste avant l’ouverture de l’obturateur.

C’est la raison pour laquelle le photographe dispose d’un petit bouton nommé « testeur de profondeur de champ ». Il permet de visualiser la profondeur de champ avant d’appuyer sur le déclencheur. Par exemple, si vous choisissez de fermer le diaphragme à f/16, cela aura pour effet de vous montrer la zone de netteté à cette valeur et vous assurer que tous les plans nets dans l’image. Une fonction très pratique en macrophotographie !

 

Il ne vous reste plus qu’à tester et pratiquer afin de vous familiariser avec la profondeur de champ. Les modes Av (ou A selon la marque de votre APN) et M seront alors à privilégier.

 

Crédit photos & illustrations : © fyve

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