On me rapproche parfois d’utiliser des termes anglais dans mes textes. C’est sûr que je préfère vintage à tendance rétro, Full Frame à Plein Format ou encore email à courriel que je trouve affreux. Ce ne sont pas les seuls exemples.
Ce reproche d’une utilisation excessive de ces mots venu d’ailleurs quand j’écris ne m’a pas plut. Évidemment, quand une remarque ne me plait pas, il m’arrive de partir dans le sens contraire, ou de tenter d’avoir raison coute que coute. C’est une très mauvaise manie, j’en conviens.
Avant d’aller plus loin, un aparté sur cette accusation. En étant honnête, ce que je ne suis pas toujours vu ma mauvaise foi totalement assumée, elle est loin d’être fausse. Par manque de temps, parce que je suis tenu à certains délais, je vais au plus vite. Et utiliser les termes « look and co ». Si on ajoute que certains mots et expressions sont désormais ancrés en moi, au point que je les trouve plus judicieux, je dois me faire violence.
Quand j’écris ici, les articles mettent des semaines à paraitre. Je me sens plus libre, je prends énormément le temps. C’est ainsi que j’ai 25 textes en stock, à des stades plus ou moins avancés. Celui-ci inclut. Je vais parfois réécrire 10, 20 fois des paragraphes, les réorchestrant sans fin jusqu’à que cela me conviennent. Certains ne verront jamais le jour. Parce qu’ils n’ont pas leur place ici, parce qu’ils sont datés et que leur parution n’apportera rien.
Ailleurs, c’est différent. Je simplifie mon process et laisse passer plus facilement ces termes d’ailleurs qui me conviennent. Si on m’en fait la remarque, souvent je laisse filer. Et quand cela devient insistant et récurrent, je me fiche en rogne avec toute ma mauvaise foi d’ours grognon. Ensuite, je ne me sens pas toujours très bien. Cette autoflagellation étant terminée, retour à l’idée de départ. Par bravade donc, je me suis penché sur l’intégration de mots étrangers dans le vocabulaire français. Et j’ai été fortement surpris. Si on devait supprimer ces termes, notre langue s’appauvrirait drastiquement !
Ainsi, il n’y aurait pas de diktat, on ne parlerait pas de la couche d’ozone, on ne prendrait pas le café ou un moka à la cafétéria, le lama ne cracherait pas à la figure du capitaine Haddock, le gourou ne dirigerait pas sa secte et la soprano irait se rhabiller… Oups. Mais ce n’est pas tout. Certes, on pourrait faire l’impasse sur un kebab, un coucous, des litchis, des blinis et autres aliments. Pendant ce temps, les ayatollahs sur les miradors ne feraient pas la bronca, mais une féria au matador. Quitte à me faire des ennemis, cette dernière série ne me manquerait pas.
Là où cela se complique, c’est que personne n’aurait fait d’algèbre, vu un zéro, écrit un algorithme. Pour les mathématiques, c’est moins drôle. Exit aussi les camarades qui ne dormiraient plus sur des matelas avant de mettre des pantalons en se levant le matin. Et si l’envie vous prenait d’aller sur la dune du Pila, oubliez l’idée d’amarrer votre chaloupe à un embarcadère et prévoyez d’aller voir un charlatan qui mange du chocolat et boit de la limonade… Dans le même ordre d’idée, spot, hobby, hold-up, chewing-gum, réfrigérateur et autre patchwork disparaitraient.
Une langue doit s’enrichir sous peine de se réduire. Les apports en provenance des langues étrangères sont bénéfiques malgré les théories de grand remplacement qui surgissent. C’est d’ailleurs fou de voir comment cette théorie peut se décliner sur des thématiques différentes. La langue française n’est plus celle d’il y a 20 ans et n’est pas celle des années 2050. Si parfois l’évolution n’a pas toujours été heureuse, elle reste nécessaire. Sinon, son destin serait celui du latin…