Dans la catégorie « C’est quoi ? », voici celui consacré au facteur de conversion de focale, une notion qui fait débat chez les puristes. Et que c’est normal.
Petit rappel pour commencer. Un 50 mm sera toujours un 50 mm, car la focale ne dépend pas du boîtier, mais de l’objectif. Il s’agit de la distance séparant le centre optique de l’objectif de la surface photosensible du capteur (ou de la pellicule photo). Et cela, ça ne change jamais, quel que soit le capteur.
On entend souvent parler de facteur de conversion ou d’équivalent 24×36 / plein formats quand on parle objectif et boîtier. Mais avant d’aller plus loin dans cet article, il faut absolument garder le point suivant en tête :
Un 50 mm sera toujours un 50 mm, quel que soit le type de capteur utilisé. La focale ne dépend pas du boîtier, mais de l’objectif.
Un peu d’histoire
Il y a très longtemps (milieu des années 70 environ), dans une galaxie lointaine (perdu au milieu d’un océan), une de mes tantes est passée un jour voir mes parents avec son nouvel appareil photo, pour les narguer. Au cours de l’échange, elle a vanté son appareil fraîchement acheté et a fini son boniment en lançant « et il fait même du 24 x 36 ! » Ce qui a fait rire mes parents. Pourquoi cette anecdote ? Tout simplement pour illustrer que le format 24 x 36 est une référence. Il s’agit là de la taille du négatif le plus populaire, 24 mm de large pour 36 mm de longueur. Il s’agit d’un vieux format, hérité du film cinéma 35 mm très en vogue dans les années 30.
Pour la petite histoire, c’est Leica qui, pour répondre au besoin d’un réalisateur souhaitant voir rapidement des extraits de ce qui venait d’être filmé, a inventé un appareil photo basé sur la pellicule utilisée pour les films de l’époque. En même temps que c’était filmé, des photos étaient prises. Développer des clichés étant plus rapide qu’un film, il était possible d’avoir très vite une idée du résultat.
La parenthèse sur le 24×36 est presque finie. Rapidement le format 24×36 s’est imposé comme étant un standard. Tout l’univers photographique s’est mis à tourner autour et s’y rapporter. Très vite, la focale des objectifs a été définie par rapport à ce format, qu’on appelle aussi « Plein Format » ou « Full Frame » en anglais. Et ceci, quel que soit le type de pellicule et de capteur utilisé. Ceci vaut pour les appareils de type Moyen Format ou pour les APS-C évidemment.
Le facteur de conversion
L’arrivée des capteurs numériques
Avant que la photographie numérique ne domine le marché, laissant l’argentique une part congrue, les choses étaient simples. La grande majorité des reflex utilisaient le film argentique 24×36. L’idée même d’un facteur de conversion (ou crop factor ou ration de conversion, c’est la même chose) n’existait pas.
Mais quand les premiers APN (Appareil Photo Numérique) sont arrivés, l’industrie n’a pas été en mesure de concevoir des capteurs de la même dimension que celle de la pellicule argentique (24 x 36 mm) a des prix abordables. Philips a tenté le coup pour Pentax et le premier K-1 à la fin des années 1990, mais le projet a été abandonné. Pour des raisons purement économiques, des capteurs de plus petites dimensions (et aussi de ratios largeur x longueur différents) ont été fabriqués.
C’est ainsi que l’on a vu des capteurs avec un ratio 4/3 (comme les téléviseurs des années 80) voir le jour. Quant aux dimensions, il y a eu plusieurs, comme l’APS-H, l’APS-C, le micro 4/3, le 1″ ou le 1/3″. Je n’ai cité que quelques-uns des principaux, il y en a d’autres.
Les constructeurs traditionnels de reflex ont très vite adopté le format APS-C. Il faudra attendre quelque temps pour voir les capteurs FF apparaître dans le paysage, et encore plus pour les voir se démocratiser.
Dimension capteur et longueur de focale
On l’a dit dit plus haut, un 50 mm est toujours un 50 mm, car la focale ne dépend pas du boîtier. Mais les dimensions de capteurs différentes vont influer sur le résultat de la prise de vue. L’image capturée sera différente.


On se rend bien compte sur l’illustration ci-dessus, le champ cadré est, pour une même focale (ici 29 mm), différent. Ce champ cadré est lui fonction de la focale et de la taille du capteur (de sa diagonale plus précisément). Si la diagonale du capteur change, à focale égale, le champ cadré sera différent. Il y a donc un facteur de conversion, différent selon les capteurs, à appliquer à une focale pour avoir la « focale équivalente ».
Les puristes ne seront pas d’accord avec cette expression (il faudrait plutôt parler d’angle de champ), mais cette formulation a le mérite d’être compréhensible. Pour faire encore plus simple, un 50 mm, monté sur un APS-C, offrira un champ visuel comparable à un 75 mm monté sur un FF.
- Pour les capteurs APS-C, suivant les marques, le facteur de conversion est compris entre 1,5 et 1,6
- Pour les capteurs MF de type 6 x 4,5, ce facteur est de 0,6
- Pour les capteurs 4/3 utilisés chez Panasonic et autres, ce facteur est de 2
Impacts du facteur de conversion
Ils sont nombreux, plus que le simple crop factor d’une image auquel on pense en premier.
Quand on utilise un APN équipé d’un capteur qui n’est pas plein format, il convient d’appliquer un facteur de conversion pour connaître la « focale équivalente ». Ce qui implique qu’on doit changer dans sa tête certaines échelles.
Par exemple, si on pratique le portrait, traditionnellement, les focales utilisées sont comprises entre 50 et 120 mm. Sauf que si on utilise un 50 mm et un 85 mm sur un APS-C, on aura comme focale équivalente un 75 mm et un 128 mm. Ce qui n’est pas exactement la même chose. Le photographe sera donc obligé d’utiliser, pour conserver le même rendu visuel, une focale de 33 mm et de 55 mm.
Malheureusement, la « focale équivalente » n’est pas le seul effet lié à la taille du capteur. La différence de taille du capteur induit aussi une différence de profondeur de champ dans l’image. Si vous prenez deux photos dans des conditions identiques (même position, même focale réelle, même ouverture) avec un boîtier plein format et un boîtier APS-C, vous observerez une profondeur de champ plus grande avec le boîtier APS-C.
Autre conséquence secondaire, en utilisant un même objectif sur un FF et sur un boîtier disposant d’un capteur différent (APS-C), pour cadrer le sujet de façon identique, il conviendra de reculer (puisque la « focale équivalente » est supérieure). Ce qui aura comme conséquence de changer la perspective de votre image.
Quant à la règle classique consistant à choisir une vitesse d’obturation supérieure ou égale à 1/focale (par ex. 1/200 ème pour un 200 mm), elle s’applique toujours… Sauf qu’elle s’applique sur la « focale équivalente ». Soit 1/350 s pour un 200 mm.
Mémoriser ces quelques principes vous permet de choisir sans ambiguïté l’objectif à utiliser en fonction de votre boîtier. Retenez que la focale indiquée sur le corps de l’objectif ne tient pas compte du boîtier sur lequel vous allez le monter. Et qu’il faut donc en avoir conscience au moment de l’achat et quand vous l’utilisez.
Crédit photos & illustrations : © fyve (sauf boitier : Ricoh Imaging)