Logiciel de post-traitement, destructeur ou non destructeur ?

Quel est le meilleur logiciel de post-traitement pour développer et retoucher vos photos ? D’ailleurs, existe-t-il ? Ce n’est pas certain. Derrière ces interrogations, se cache plutôt la façon dont on va post-traiter ses photos, avec un « logiciel non destructif » ou un « logiciel destructif ».

Pour rappel, par post-traitement, il faut comprendre qu’il s’agit de toutes les opérations qui seront effectuées après la prise de vue, afin d’obtenir une image utilisable. Cela inclut :

  • Des opérations de derawtisation pour les fichiers RAW (l’interprétation logicielle du fichier brut RAW afin de créer une image),
  • les opérations de développement (balance des blancs, lumière et contraste, etc.),
  • les opérations de retouche (suppression des yeux rouges, suppressions d’éléments de détails de l’image, le recadrage, etc.).

Traitement destructif

Pour rappel, une image est composée de quelques millions de pixels (36 Mpx pour une image provenant du K-1, 24 Mpx pour les K-3, KP, K-S2 et autre K-70). Quand une image numérique est décrite point par point, c’est-à-dire sous la forme d’une matrice de points colorés, on dira qu’il s’agit d’une image de type bitmap. C’est le cas des images JPEG, BMP, GIF, TIFF et autres PNG.

 

les pixels d'une image bitmap
les pixels d’une image bitmap

 

Le terme destructif est utilisé, car, durant le post-traitement, toute image JPEG ouverte par ce logiciel, modifiée puis enregistrée n’est plus celle d’origine. Il n’y a pas conservation d’un historique des modifications et il est impossible de revenir en arrière. Donc, si l’utilisateur n’a pas conservé un double de son original JPEG (par sauvegarde, archive, copie, etc.), il l’aura perdu. C’est la raison pour laquelle, on conseille toujours de travailler sur une copie de l’image, et non sur l’original !

Pour une image TIFF ou PSD (un format propriétaire de Photoshop proche du TIFF), la situation est un peu différente. En utilisant à bon escient les calques, on peut conserver un certain historique, voire conserver l’image originale.

Petit point pour les RAW. Le RAW n’est pas une image. Chaque RAW nécessite une opération de dématricage pour afficher une image qui pourra être exportée en JPEG ou en TIFF. C’est ce fichier qui pourra alors être post-traité avec un logiciel destructif. Évidemment, le fichier RAW restera toujours « intact ».

Or, toutes les modifications effectuées dans le cadre du post-traitement avec un logiciel de traitement bitmap (Photoshop, Gimp, Pixelmator, Affinity Photo, Photoshop Element, etc.) vont modifier directement les pixels qui composent une image. Ce sont donc des logiciels destructifs. Évidemment, ce sont des actions humaines derrière, mais le principe même de Photohhop ou Gimp est de modifier les pixels. C’est leur rôle, ils ont été conçus pour.

De plus, certains formats comme le JPEG vont faire perdre des informations précieuses, vont réduire le spectre de couleurs disponibles ou vont détruire des pixels à l’enregistrement. La compression JPEG va, par exemple, prendre un pixel de référence et « dire » que les pixels à proximité et de nuances proches prendront la couleur du pixel de référence. Et plus le facteur de compression sera important, plus la « proximité » sera élargie.

Traitement non destructif

L’idée derrière cette appellation est de préserver le fichier original. Ce qui veut dire que le logiciel de post-traitement effectuera des traitements qui ne détruiront pas l’image. Quoique l’on fasse, l’image originale n’est jamais altérée. Les modifications sont écrites dans un fichier de type texte et interprétées en « live » à chaque affichage de ladite image.

Préserver l’image

Cette idée de préserver l’image est née il y a déjà quelque temps. C’est sans doute l’arrivée de logiciels dédiés au développement du RAW qui a permis au traitement non destructif de s’installer dans le paysage. Désormais, de nombreux logiciels ne travaillent plus au niveau du pixel.

Toute modification apportée à une image est enregistrée dans un fichier annexe (qui peut-être inclut dans le conteneur RAW si ce dernier le gère). C’est ainsi que l’on peut trouver des fichiers portant le même nom que votre photo, mais avec une extension différente (dxo pour DxO, xmp pour Lightroom ou P1s pour Capture One par exemple). Certains logiciels propriétaires (comme DPP de Canon) sont capables d’enregistrer ces modifications directement dans le fichier. À tout moment, il est possible de retrouver à tout moment l’état d’origine. Ou effectuer d’autres traitements.

Ultime avantage, un gain en place très important. Un seul fichier RAW à conserver et un seul fichier d’interprétation de quelques kilo-octets. Cerise sur le gâteau, Lightroom permet même de disposer de plusieurs post-traitements différents, chacune pesant quelques kilo-octets (grâce aux copies virtuelles).

Le RAW peut suffire

Tant que l’utilisateur n’a pas besoin d’obtenir une image pour le web, pour l’impression ou autres, seuls les fichiers RAW et les fichiers d’interprétation sont conservés. Et une fois le besoin rempli, il n’est pas nécessaire de garder la sortie JPEG, puisque ce dernier pourra être généré à volonté.

Petit rappel, un RAW n’est pas une image ! À chaque fois que Lr ou DxO ou autres doivent afficher un RAW sous forme d’image il se passe ceci en temps réel :

  1. Derawtisation (c’est à dire dématricage du RAW via la matrice de Bayer et les algorithmes associés pour les capteurs « normaux » ou via une une matrice/algo dédiés pour les capteurs comme les TriX -Fuji- et autres Foveon) ;
  2. Application des modifs contenues dans le fichier type texte.

Ce qui explique pourquoi tous les logiciels comme Lr, DxO & co montrent toujours l’image JPEG basique intégrée au RAW pendant quelques instants, le temps de calculer le tout.

Ce n’est que quand on fait un export JPEG que ces modifications sont « figées », mais uniquement pour ce dernier !

Que choisir ?

Il convient donc garder à l’esprit que :

  • Certains logiciels de PT détruisent l’image originale à chaque enregistrement ;
  • D’autres logiciels de PT ne détruisent pas l’image originale ;
  • On peut allier les 2 types de traitement.
Travailler entièrement sous Photoshop ou Gimp

Il est tout à fait possible d’avoir son workflow en utilisant ce type de logiciel, même quand on shoote en RAW. Par exemple, lors de l’ouverture d’un fichier RAW dans Photoshop, c’est le module de développement CameraRAW qui va s’ouvrir. Le même que celui utilisé dans Lr. C’est à l’issue du développement que le fichier image s’ouvrira dans Photoshop. Pour Gimp, il conviendra de s’appuyer sur un plug-in comme Ufraw (attention, la liste des boîtiers est plus réduite, ne prenant pas toujours en charge rapidement les appareils récents) ou le logiciel fourni par le constructeur.

À ce moment du Workflow, le TIFF 16 bits ou le PSD sont préférables au JPEG, car moins destructif (la compression utilisée ne détruira pas les pixels, contrairement au JPEG).

Vous pourrez alors travailler sur les pixels (donc sur l’image Bitmap). Afin de limiter les « dégâts », il conviendra de privilégier le travail sur des calques intermédiaires, en préservant l’image originale. Certes, votre version de travail sera alourdie, mais vous ne serez peut-être pas obligé de tout jeter si un détail devait être refait.

Certains logiciels, comme Photoshop, ont désormais des comportements hybrides, grâce aux calques d’outils. Il s’agit de calques spécifiques, capables d’apporter des traitements non destructifs. Le comportement est très proche de ce que propose Lr. Toutes les modifications effectuées sur l’image par l’intermédiaire de ces calques s’appliqueront de manière non destructive.

Calques de réglages
Calques de réglages

 

Si votre logiciel bitmap les propose, il conviendra donc de les préférer aux outils identiques (et portant souvent le même nom). Ce calque ne pèsera que quelques ko, au lieu de quelques Mo…

Travailler entièrement sous Lr ou DxO

Rien n’oblige en effet à travailler sur les pixels. DxO, Capture One, Lr et les autres proposent désormais des outils suffisamment puissants pour qu’on travaille en mode non destructif. De plus, et contrairement à la légende urbaine, Lr et consorts sont tout à fait capables de corriger les images bitmap. Simplement, certaines fonctionnalités ne seront pas accessibles ou dans un degré moindre.

Si les logiciels bitmap ont emprunté des fonctionnalités non destructives, les logiciels basés sur le principe de non-destruction ont commencé à intégrer des outils autrefois réservés à leur confrère, tout en conservant la spécificité non destructive. C’est ainsi que les outils de correction des yeux rouges sont apparus. Ainsi que des outils de suppression des défauts, des filtres gradués ou encore des pinceaux de retouche.

 

outils de retouche d'influence bitmap
outils de retouche d’influence bitmap (Lr à gauche, DxO à droite)

 

Pourquoi choisir en vérité ?

Il est tout à fait possible d’allier les différents mondes au sein d’un workflow. Nous sommes d’ailleurs nombreux à utiliser plusieurs logiciels pour atteindre un résultat satisfaisant. Il convient juste de faire attention et de respecter quelques règles de base :

  • Toujours commencer pour derawtiser au travers d’un logiciel dédié.
  • Essayer d’effectuer tout le travail de PT toujours au travers de ce logiciel.
  • Si vous devez utiliser un ou des logiciels tiers (comme SilverFX, Photoshop ou Gimp), exporter toujours en TIFF 16 bits sans compression. Ce format vous permettra de conserver le maximum d’informations.
Exemple de workflow
Exemple de workflow

 

En respectant ces règles simples, vous pourrez préserver vos images. Sans avoir à choisir entre les différents types de traitement, chacun ayant ses qualités et ses défauts.

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