Acheter un objectif et se tromper ?

Dans la catégorie « On n’est pas infaillible », voici quelques réflexions autour de l’idée qu’on peut avoir acheter un objectif et s’être trompé. Mais si, cela arrive…

 

D’après mon expérience personnelle, il est tout à fait possible d’acheter un objectif et se tromper. Les raisons peuvent être nombreuses et parfois futiles. Cela va de l’attrait de la nouveauté à une focale (ou série de focales pour les zooms) qui ne correspond pas finalement à une pratique courante, en passant par le besoin de posséder, même si l’usage n’existe pas.

Les UGA et moi

Rappel

De 2007 à 2016, c’est un APS-C qui m’a tenu lieu de compagnon photographique. Et avec lui, le facteur de grossissement du champ visuel, qui fait qu’un 15 mm sur un APS-C verra la même chose qu’un 23 mm sur un FF. Avec le K-1, un reflex Full Frame (24×36) de chez Pentax, j’ai dû modifier les objectifs en ma possession. Au revoir les objectifs purement dédiés au format APS-C et bonjour à ceux capables de fonctionner en FF.

C’est dans ce schéma que, quand le DFA 15-30 f/2.8 est sorti, sous le charme, je l’ai acheté. Parce que j’ai cru qu’il allait m’offrir des possibilités supplémentaires en matière de photo de paysage. 18 mois plus tard et quelques déceptions photographiques, un bilan s’imposait (NdA : bilan que je fais pour toutes mes optiques, ce qui me permet de savoir si cela fonctionne ou pas).

Bilan comptable

Sur environ 20000 photos faites pendant cette période, à peine 1170 ont été réalisées avec le DFA 15-30, réparties ainsi :

  • 310 à 15 mm
  • 110 entre 16 et 19 mm
  • 350 entre 20 et 23 mm
  • 400 à partir de 24 mm, donc couvertes par le DFA 24-70/2.8

Et sur les quelque 420 photos prises en dessous de la barre des 20 mm, toutes celles où il y a des immeubles ne sont pas bonnes à mes yeux. Tant qu’il s’agit de paysages sans lignes droites montant au ciel, c’est bien. Dans le cas contraire, c’est une catastrophe, n’aimant pas du tout le rendu. Évidemment ce n’est que mon avis.

focale : 15mm - 1/125s à f/8, ISO 320
Version Lightroom, sans correction des perspectivesVersion Lightroom, avec correction des perspectivesVersion DxO PhotoLab, avec correction des perspectives

Les UGA déforment les images, il s’agit là d’un fait optique. Certes, certains objectifs sont plus performants que d’autres, mais les miracles n’existent pas. Prendre des photos en UGA implique quelques contraintes qu’il faut arriver à posséder. Ce qui n’a pas été mon cas au bout de 18 mois. De plus, en examinant plus attentivement, on se rend compte qu’un gros tiers de mon usage actuel du DFA 15-30 est recouvert par la plage de focale proposée par le DFA 24-70/2.8.

Conclusion

Elle s’impose presque naturellement, le DA 15-30 n’est pas pour moi. Je me suis largement trompé lors de son achat et suis le seul fautif. Si j’avais eu des doutes, ils ont été balayés par mon court séjour à Florence, d’où je suis revenu grandement frustré de ne pas avoir pu réaliser les clichés souhaités.

Une de mes rares réussites au DFA 15-30/2.8 à Florence
Une de mes rares réussites au DFA 15-30/2.8 à Florence

 

Une séparation à l’amiable devient inévitable. Dès lors, une nouvelle interrogation surgie, celle d’un remplacement. Pourquoi pas ? Mais vu que le DFA 24-70/2.8 remplit déjà ce rôle en partie et que le rendu des photos à 15 mm ne me plaît pas (cela vaut aussi pour l’iris 15 mm que j’ai essayé), ce n’est pas certain. J’attendrais la disponibilité d’un DFA 20 pour me prononcer.

Les longues focales

Mes pratiques photographiques font que l’utilisation de focale au-delà de 100 mm est plus occasionnelle. Mais pas rare. L’excellent DFA* 70-200/2.8 et son compère DA* 200/2.8 sont régulièrement utilisés, surtout pour de la photo de rue (orientation portrait de rue). Je ne trouve que deux petits défauts au zoom. Le premier, qu’il soit lourd (mais il s’agit là d’une conséquence de l’ouverture constante f/2.8). Le second, c’est que dans certaines circonstances, j’aurais aimé aller un peu au-delà de ces 200 mm.

 

Je ne me suis pas trompé dans cet achat. Mais si, par le plus grand des hasards, un 70-200/4 ou un 70-300/4 venait à sortir, qu’il soit un DFA* et que le poids soit moindre, alors je regarderais attentivement cet objectif. Avec peut-être un remplacement à la clé.

À suivre.

Les transstandards classiques

Dans le monde Pentax Full Frame, il y a en 2. Le DFA 24-70/2.8 et le DFA 28-105/3.5-5.6.

Le premier est l’objectif presque toujours monté sur le K-1. Il est juste excellent et avec une plage de focale qui me convient parfaitement.

Le second est un bon objectif. Mais à mes yeux, il n’est pas aussi bon que son frère. En termes de qualité optique, il est inférieur. Largement. Évidemment, cette appréciation ne plairait pas à tout le monde. Ce qui est normal, car il est loin de démériter. Un rapport qualité/prix/poids/encombrement inégalé même.

Comme j’en avais « hérité », je l’ai gardé et un peu utilisé (environ 2000 clichés), souvent lors de voyages où je souhaitais partir « léger ». Avec quelques belles réussites d’ailleurs.

Martinique, DFA 28-105
Martinique, DFA 28-105

 

Mais est-ce raisonnable que de conserver un objectif qui fait autant doublon avec un autre (au moins sur la plage 28-70) ? À mon sens, non. Autant qu’il serve à une autre personne. Je rationalise et lui dis donc « au revoir« .

Auditer un objectif

Il s’agit là d’une action que je mène plus ou moins régulièrement. Grosso modo, en chaque début d’année. Il s’agit de se poser quelques questions sur chaque objectif que je possède. Évidemment, quand on ne possède qu’un ou deux, la chose peut paraître de moins grand intérêt. Et pourtant, cela permettrait de s’interroger sur un achat plus pertinent.

Q1 : Cet objectif est-il utilisé ?

Q2 : Combien de photos prises avec depuis son acquisition ? Depuis le dernier bilan ?

Q3 : Suis-je satisfait de la qualité de mes clichés ?

Répondre à ces 3 questions toutes simples me permet de savoir rapidement si un objectif doit être conservé ou pas. Si je peux conserver un objectif peu utilisé, mais très satisfaisant su point de vue qualitatif, alors il sera conservé. C’est typiquement le cas de mon DA* 200/2.8 qui n’a que peu de clichés au compteur (environ 1500), mais qui est juste excellent (je devrais d’ailleurs m’en servir plus !). À l’inverse, un objectif dont les résultats ne me satisfont plus désormais doit avoir la possibilité de vivre une autre vie, meilleure, avec un autre photographe. Ce fut le cas par le passé d’un DA 18-250 par exemple.

 

Acheter un objectif est un acte important, surtout au vu des tarifs. Il faut donc, autant que possible, éviter de se tromper. Sans quoi la facture peut se révéler douloureuse. On en reparlera.

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