Un paysage en noir et blanc, mais quelle idée ? Une idée qui n’est pas si nouvelle que cela, puisque Ansel Adams a longtemps été la référence de la photographie des paysages en N&B. Il le reste d’ailleurs toujours. Ses photos ont popularisé les parcs américains tel le Yosemite. Écologiste avant l’heure, il prônait d’ailleurs l’interdiction des voitures particulières dans les parcs nationaux. Il n’est pas le seul à faire des photos de paysage en noir et blanc. Il y en a d’autres, comme Salgado,
Un constat pour débuter. Presque 100 % des photos de paysages sont en couleur. Du moins pour la grande majorité des amateurs, que ce soit avec un boîtier ou un smartphone. La photo de paysage est une bien pratique où la suprématie de la couleur ne fait pas de doute. D’ailleurs, si vous en avez un, faites donc une recherche sur Google.
Or, certains paysages peuvent se montrer plus intéressants en noir et blanc. Pas tous, car il faut que les conditions s’y prêtent.
Tous les paysages ne se prêtent pas au noir et blanc
Le noir et blanc, c’est une question de goût
Peu importe au fond comment votre photo N&B va exister. Ce qui compte c’est qu’il doit s’agir d’un choix assumé. On fait un N&B parce qu’on a décidé d’en faire. Pas par opportunisme. Il ne faut pas oublier que l’humain voit les couleurs. La couleur est donc « normale » nous entourant, nous submergeant. Nous ne voyons qu’elle autour de nous. Nous sommes même parfois inquiets quand elle disparaît sous l’influence de l’éclairage. On la cherche et on s’en repaît. Elle est tellement présente qu’elle en devient anecdotique, nous empêchant de regarder autrement. La couleur est permissive, masquant les imperfections, au contraire du N&B. Dans le même temps, elle traduira de manière la plus fidèle possible, la réalité. Du moins, tant qu’on ne modifie pas la colorimétrie !
Le N&B va, quant à lui, proposer une vision moins réelle, souvent plus dramatique. En décidant de pratiquer le noir et blanc, le photographe va assumer un vrai choix artistique. Le choix d’exprimer la panoplie des couleurs en des nuances de gris. Toutes ces nuances de gris, entre la couleur noire et la couleur blanche. Mais attention, il faut toujours garder à l’esprit qu’une photo inintéressante en couleur le restera en N&B. Il n’y aura pas de miracle.
Le noir et blanc pas toujours adapté
Le Noir & Blanc n’est pas naturel à l’homme. Cela va pousser le photographe à regarder autrement, obligeant à aller chercher ce qui pourra mettre en évidence l’image, c’est-à-dire les lignes de force, les structures. Le N&B impose donc de « voir » la photo avant de déclencher. Le photographe doit composer afin de mettre en valeur un sujet en particulier, tout en imaginant le résultat futur. Il doit reconnaître, déterminer, mettre en avant ce qui devra attirer le regard… Les fameuses lignes de fuite / de force, les structures. Sans oublier que certaines couleurs comme le vert seront parfois difficilement transposables.
Et l’une des premières choses à savoir, c’est que le noir et blanc n’est pas forcément adapté à toutes les situations. Certaines scènes sont complexes à rendre, comme les forêts. Les paysages où le premier plan n’est pas clairement identifiable ou celles qui manquent de contraste sont généralement des clichés difficiles à travailler en N&B.
Tous les clichés de paysages en noir et blanc ne sont pas bons
Cette photo, prise en Crète, propose un paysage de savane méditerranéenne et de montagnes, à la fin septembre. Il s’agit là d’une photo que l’on peut tous faire. Elle illustre parfaitement le propos selon lequel le choix du sujet est important pour envisager un passage au N&B. En couleur, la lumière dessine le relief des différentes montagnes ainsi que les éléments composant le décor. Les teintes sont harmonieuses et reflètent bien l’ambiance de la Crête à cette période de l’année.
Malheureusement, il en va tout autrement pour la version N&B. La conversion a été effectuée sous Adobe Lightroom, avec quelques retouches localisées (contraste et lumière) afin d’essayer de faire ressortir l’effet « savane ». Mais cette version n’apporte rien. Au contraire, la photo semble même être aplatie au point qu’on a du mal à distinguer les différents plans. L’ambiance proposée est triste et rien ne vient accrocher le regard. Au contraire de la version couleur qui est plus intéressante et attrayante pour l’œil.
Sans savoir forcément pourquoi
Voici un autre exemple pour lequel la conversion du paysage en noir et blanc ne fonctionne pas vraiment.
L’image est assez peu contrastée, avec une grande part consacrée à l’eau et au ciel nuageux qui sont dans des teintes similaires. Au premier plan, l’embarcadère et au fond, les îles de Bréhat. Une photo de paysage simple et équilibrée qui offre une atmosphère paisible d’un petit matin printanier (on est au début mai), presque idyllique. Mais sa conversion en N&B n’est pas intéressante, malgré de nombreux essais.
La photo paraît trop chargée de textures. Le ciel est très présent et la mer tout autant. L’œil a du mal à distinguer facilement et rapidement les divers éléments, contrairement à la version couleur qui offre une lisibilité immédiate.
Pourquoi de tels décalages ?
Lors de la composition d’une prise de vue en couleur, le cadrage est plus libre. Les couleurs permettent d’apporter une ambiance avec les différentes teintes. Dans le premier exemple proposé, le décor « savane sèche » est présent, proposant une vision aride du lieu, de couleur assez uniforme. C’est sans doute le même problème avec le deuxième exemple, où la lumière printanière est trop douce, ne permettant pas au N&B de s’installer. Ce ne sont clairement pas des photos composées en vue d’une conversion en noir et blanc.
La composition pour du noir et blanc demande au photographe d’être plus rigoureux, de penser différemment. Il faut que l’image soit facilement lisible, sans laisser à l’œil la possibilité de se perdre dans des méandres. Une bonne photo N&B repose sur un équilibre des lignes et des différentes zones de gris qui vont la composer.
La composition au moment de la prise de vue
Au fil de divers articles, j’ai souvent répété le rôle important de la composition en matière de prise de vue. La photo en noir et blanc doit être construite, à l’instar de la photo couleur. Que ce soit pour de la street, du portrait ou des paysages.
Quelques rappels
Composer une image, c’est assembler divers éléments afin d’obtenir une scène harmonieuse à photographier. Les éléments, plus ou moins nombreux, peu importe, sont les suivantes :
- des formes nettes,
- des lignes de fuites qui suggéreront profondeur et mouvement,
- de la couleur (sans oublier que le noir et le blanc sont des couleurs !),
- des volumes avec des contours favorisant le sujet,
- un contraste qui permettra de différencier les couleurs et les tonalités,
- des textures.
Le photographe doit s’évertuer à trouver le bon angle, la bonne hauteur, la bonne perspective et la bonne profondeur de champ avant de prendre sa photo. Une photo se réussit avant d’être prise. Il faut réfléchir sa photo.
Cette photo a été prise au niveau du phare de Biarritz. On est au-dessus de la roche Ronde, au premier plan, laquelle est entourée par une mer encore un peu agitée, recouverte d’écume blanche. Ce qui a pour effet de faire ressortir le rocher. L’arrière-plan (les bâtiments de la ville) est suffisamment en retrait pour ne pas gêner le premier plan.
Ne pas oublier que le noir et blanc est…
… Une interprétation de la réalité telle qu’elle est perçue par l’œil humain. Le processus de conversion en noir et blanc est marqué par une volonté créatrice afin d’obtenir un résultat différent du « réel ». Il s’agit donc de penser la photo en faisant abstraction de la couleur. De se demander à quoi va ressembler sa photo en N&B. Le processus habituel de la prise de vue (cadrage, lumière, contraste) ne change pas. Il convient de réfléchir à ce que va donner la photo sans la couleur. Et composer alors avec.
Mais ce processus ne va pouvoir se faire qu’à condition de disposer de tous les éléments nécessaires. Afin de pallier l’absence de la couleur, on va devoir jouer avec les réglages de luminosité et de contraste pour accentuer les textures et créer des effets visuels. En fait, la composition en N&B fait que l’on doit aller à l’essentiel et supprimer, autant que possible, tout ce qui est superflu. La lisibilité de l’image doit être le maître mot de votre composition en noir et blanc. Et c’est encore plus vrai pour les photos de paysage.
Un premier plan essentiel
C’est pour cela que le premier plan est essentiel dans la construction d’un paysage en noir et blanc. Celui-ci doit être identifiable immédiatement, sans laisser le regard divaguer. Il faut aller à l’essentiel.
Tout le cliché proposé ci-dessus est basé sur le rapport entre la texture de l’eau qui entre dans les prés-salés, formant une sorte de miroir qui va séparer les terres. Le ciel est, quant à lui, séparé du reste du cliché par une mince bande de terre, empêchant la mer et le ciel de se rencontrer. Lors de la conversion en N&B, le contraste a été fortement renforcé. Il permet ainsi de mettre en évidence les différences entre les plans. Et surtout la langue de pré salé qui s’en va dans le lointain, bordé d’un côté par une plage et de l’autre l’aber.
Ce sont bien les éléments du premier plan qui permettent d’organiser et rendre la photo intéressante.
Dans ce deuxième exemple, l’arbre, au premier plan, occupe presque tout l’espace. Il attire l’œil. Le reste du décor est en retrait, car il ne sert à presque rien. Hormis de mettre en valeur les 2 petites silhouettes sous l’arbre, deuxième élément fort du cliché. Dans l’idéal, il aurait même fallu pouvoir supprimer les branches à gauche.
Les textures
La texture des matières est très importante dans la perception d’une image en noir et blanc. Il convient donc d’y apporter une grande attention, certaines s’adaptant très mal à un passage en N&B, à l’instar de l’eau dont les reflets sont compliqués à traiter. Il faut aussi éviter la proximité ou la présence trop importante de textures similaires. C’est sans doute la raison pour laquelle la photo de l’embarcadère ne fonctionne pas, les textures similaires étant trop nombreuses.
L’équilibre à trouver doit être subtil. Des textures sont indispensables. Il va donc falloir jouer sur les réglages de contraste afin de les accentuer et créer ainsi des éléments visuels. Il ne faut pas oublier que l’absence de couleur permet d’aller à l’essentiel.
Cette photo propose différentes textures fortes, mais qui sont différentes. Elles permettent de faire ressortir l’amas rocheux surmonté d’un phare. Les 2 principales textures sont la mer en bas, assez sombre, et le ciel nuageux en haut, un peu plus claire. Mais ce qui permet de faire la différence, c’est la forme des nuages qui permet des sortes d’étirements de nuances de gris. Le phare et la pointe rocheuse sont presque au centre de l’image.
Le pouvoir du contraste
La couleur permet de séparer différents éléments, de guider le regard dans l’image. En son absence, il va falloir compenser en jouant avec les tons clairs et les tons foncés. Dès lors, il faudra éviter les scènes où les couleurs sont dans la même plage de tons. Les lumières fortes et les ombres seront vos amies, car elles vous permettront de jouer avec les contrastes et obtenir du relief. Par exemple, les scènes éclairées d’un seul côté permettront des choses intéressantes.
Il y a trois catégories de contraste :
- Élevé : L’image est composée presque uniquement de noir et blanc, avec très peu de gris.
- Normal : L’image est composée de manière équilibrée de noir, de blanc et de gris.
- Faible : L’image est composée de noir, de blanc et gris, mais il y a de faibles écarts entre elles, ce qui la rend souvent plate.
Il faudra au maximum éviter les contrastes faibles et privilégier plutôt les 2 premiers. Comme dans la photo de cette plage normande à proximité de Honfleur. La plage et la mer sont presque anecdotiques, séparant deux zones fortes :
- Le premier plan avec les terres, les bâtiments et les arbres ;
- Le ciel fortement texturé par les nuages.
Contraste maximum
Sur ce cliché, le contraste est poussé à l’extrême. Les zones dans le bas de l’image ont été assombries, de façon à ce qu’on ne distingue plus vraiment la route ni les bas-côtés. On ne fait que deviner la texture de la route, au moment où celle-ci va se fondre dans le brouillard. L’arrière-plan, lui, est justement plongé dans ce brouillard qui ne laisse paraître que quelques détails, comme le poteau (électrique ? téléphonique ?) et le toit d’une grange ou d’une maison. Quant au brouillard, il occupe presque la moitié de l’espace. Pas tout à fait blanc, mais presque, surtout là où se trouve le soleil qui tente de percer. Le cadrage, carré, est volontaire afin de mieux mettre en évidence le calvaire dont le contraste a lui aussi été renforcé. Il y a une sorte de sensation d’isolement, d’être presque au milieu de nulle part.
L’histogramme de cette photo est intéressant, car il montre bien qu’on est dans les extrêmes, bien loin de ce que l’on peut trouver sur internet ou dans la majorité des manuels. Pourtant, la photo fonctionne. Comme quoi…
Penser pour le noir et blanc
Si on regarde la version couleur de la photo, celle-ci apparaît sans grand intérêt de prime abord. Il s’agit d’une passerelle en bois, à travers un sous-bois.
Mais ce qui est important, c’est qu’au moment de la prise de vue, il a fallu penser graphiquement la photo dans le but d’avoir un résultat final en noir et blanc. Le positionnement du photographe était important afin de pouvoir capter l’entrée de la lumière dans le trou de la forêt. Les rayons du soleil permettent de sculpter des ombres franches, il était donc impératif pour ce cliché qu’ils soient présents. Sans ces rayons, il ne pourra pas avoir un bon rendu.
La partie graphique est encore une fois très présente avec le bois de la passerelle mis en valeur. On distingue parfaitement la construction (éléments en vert) qui se découpe parfaitement grâce à la lumière renforcée en provenance de la source lumineuse (des rayons de soleil). Et au premier plan, hormis le début de la passerelle, les arbres et les feuilles apparaissent sculptés grâce à la lumière arrière. Certes, pour cette photo, le post-traitement a été assez important, mais le rendu en valait la peine.
Pas de paysage en noir et blanc sans graphisme
Le noir et blanc, par rapport à la couleur, véhicule une atmosphère particulière, très graphique. Son impact doit être fort. Il convient donc d’apporter un soin très particulier au graphisme lors de la composition de votre paysage. Une photo graphique a donc plus de chance de réussir sa conversion qu’une photo non graphique.
Cette version colorée est très graphique, mais le contraste n’est pas très présent. En cette fin mars, bien qu’il soit presque midi, le soleil n’apporte pas une grande lumière, d’autant plus que le photographe se trouve plutôt à l’ombre. Néanmoins, le premier plan est plus sombre que l’arrière-plan. Cette photo en couleur fonctionne parfaitement.
Malgré l’absence d’un fort contraste, la version de ce paysage en noir et blanc fonctionne également très bien. En fait, ce cliché fait partie des images à contraste normal, composées de manière équilibrée. Et c’est le côté graphique des couleurs qui permet d’obtenir un résultat harmonieux.
Le graphisme se trouve n’importe où, mais il faut le chercher. Pour les deux exemples qui suivent, il s’agit de photos prises en Savoie début mars. La neige est encore présente sur les sommets et les pistes de ski.
Le ciel est tout bleu, sans nuage. Lors de la conversion en noir et blanc, il a été rendu le plus noir possible, afin de faire ressortir le panache de l’avion. En bas du cliché, il n’y a qu’un morceau de sommet de crêtes enneigées, presque d’un blanc absolu, avec quelques arbres dépenaillés. Une photo extrêmement simpliste, mais très graphique avec cette opposition noir/blanc et l’immensité du ciel presque vide.
Deuxième paysage lié la neige, basé presque sur le même principe, un ciel sans nuage et de la neige. Le ciel prend environ les 2/3 de la surface du cliché. L’arbre se détache fortement sur le ciel presque noir.
Une bonne exposition est nécessaire afin d’obtenir de bons contrastes. Il s’agit là d’un point assez essentiel souvent négligé. Et trop souvent, le fichier numérique ne dispose pas de suffisamment d’informations pour les hautes lumières. Sans ces informations, les ciels sont trop souvent plats, sans textures qui pourront par contraste se détacher. Dans les deux derniers exemples, les hautes lumières concernent plutôt les sols enneigés. Sans informations, il ne serait pas possible de voir de traces sur la neige qui serait alors uniforme et sans saveur.
Noir et blanc à la prise de vue ou en post-traitement ?
Difficile de parler noir et blanc sans évoquer la conversion.
Rappel de quelques points techniques
Du temps de l’argentique, le photographe devait opter entre diapo et film négatif. entre couleurs et N&B. La décision intervenait avant la prise de vue. Il existait un grand choix de films couleurs et N&B, chacun ayant un rendu très différent. Il était d’ailleurs facile, pour certains, de distinguer un film Kodak d’un film Fuji ou Agfa. Ce n’est pas mon cas.
Kodak Tri X 400 (crée en 1954) | Ilford HPS 800 (crée en 1954) | Fuji Neopan 400 (créée dans les années 1990) |
Le numérique est passé par là et la pellicule a presque disparu. Le capteur prend les photos désormais en couleur et il faut utiliser des logiciels (DXO Film pack pour les images ci-dessus) afin d’obtenir une image N&B. Sauf qu’un capteur ne fait que capturer la lumière qui arrive sur des photodiodes. Quelque part, le capteur numérique est monochrome. Pour « voir la couleur », un filtre de type RVVB (Rouge Vert Vert Bleu) est placé par-dessus le capteur afin que les informations destinées à obtenir les couleurs soient enregistrées. C’est le fameux filtre de Bayer. Un processus logiciel appelé dématricage est ensuite nécessaire pour obtenir l’image.
Il existe des APN qui prennent des photos uniquement en N&B. Ce seront, par exemple, les Leica M (pour Monochrome). Mais il convient d’être doté d’une confortable assise financière pour pouvoir les acheter, les prix Leica pouvant parfois paraître excessifs. Néanmoins, il conviendra de reconnaître que la marque sait concevoir et fabriquer des modèles d’exception.
Hormis de posséder du Leica M, vous aurez le choix d’utiliser le mode N&B que propose votre boîtier ou faire vous-même votre conversion en post-traitement.
Une réponse a cette question récurrente
Ma réponse sera toujours la même. Si les boîtiers photos proposent un mode noir et blanc dès la prise de vue, je ne le recommande pas (hormis le cas Leica). D’abord parce que c’est lui qui fixe arbitrairement la façon dont le N&B va être « façonné » (et cela peut s’avérer souvent mauvais), ensuite parce qu’il produira un fichier en JPEG et donc moins favorable à d’éventuelles retouches. Sauf si vous prenez vos photos en RAW+JPEG, ce qui vous permettra de conserver le fichier brut originel.
Un développement noir et blanc repose sur une subtile alchimie entre les contrastes et les dosages dans les mélanges de chaque couleur. C’est en jouant sur la luminosité des couleurs, des teintes, que l’on pourra créer la panoplie de nuances de gris qui apportera profondeur et équilibre. Dans la pratique, il ne faudra pas se contenter d’un travail de manière globale. Un travail par zone sera souvent indispensable. C’est la raison pour laquelle je privilégie le post-traitement à partir de fichiers RAW, seule façon d’avoir un vrai contrôle sur le rendu.
Tous les logiciels qui vous permettent de développer (Lightroom, DXO FilmPack et bien d’autres) proposent des options pour convertir en noir et blanc. Il existe même des logiciels spécialisés comme SilverEfex. Sans compter qu’on peut trouver des presets de développement tout prêt, mais pas toujours de grande qualité. Ce sera à vous de voir ce que vous souhaiterez utiliser. Et comment.
Pour réussir un paysage en noir et blanc, la prise en compte de plusieurs facteurs est nécessaire. Encore plus que pour la couleur, le premier plan, les textures, les contrastes et le graphisme jouent un rôle primordial. C’est la pratique régulière, non seulement du noir et blanc, mais aussi de la photo de paysage, qui vous permettra de réussir vos prises de vue. Avec l’expérience, vous arriverez même à visualiser le résultat à obtenir au moment du déclenchement. Il s’agit là d’une expérience à acquérir, mais surtout de votre regard à travailler. Car si on peut avoir un don pour la photo, un œil comme certains disent, si vous ne le travaillez pas, il ne vous servira à rien.
Si cette pratique n’est pas courante, elle n’en existe pas moins. Et même si certains dénigrent volontiers le noir et blanc, ne vous laissez pas influencer. Vous pourriez être surpris du résultat. Car le noir et blanc, par rapport à la couleur, véhicule une atmosphère spéciale, à fois plus épurée et brute, minérale presque.
Crédit photo : © fyve