Doit-on avoir une culture photographique immense et riche pour être photographe ? Quand j’ai lu un extrait du livre de Jean-Christophe Béchet et Samuel Decklerck, acquérir une culture photo (Éditions Eyrolles), j’ai cru m’étouffer.
Cette façon de penser me parait particulièrement prétentieuse et pédante. Affirmer que, sous prétexte qu’on ne fréquente pas les musées, expos, cercles culturels, qu’on ne lise pas de livres sur la photo (surtout si écrit par ces messieurs ?), on est incapable de s’exprimer au travers de la photo et d’avoir un regard d’auteur, c’est faire preuve d’un élitisme de premier ordre, de sectarisme bon teint. Messieurs Béchet et Decklerck, quel manque d’humilité de votre part.
Se confronter à d’autres photographes, illustres ou inconnus, est toujours riche d’enseignement. Mais on peut s’exprimer au travers de la photographie sans avoir une immense culture dans le domaine. Si vous ne savez pas qui est Eugène Atget ou Roland Bénard, ce n’est pas grave. Si vous n’avez jamais vu de clichés signés Salgado, Ronis ou Glergue, que cela ne vous empêche pas de dormir. Si votre œil n’a jamais pu se poser sur une image d’un obscur photographe russe à la mode dans un cercle restreint de snobinards bobo parisiens, tant mieux pour lui ! Et connaitre sur le bout des doigts Maupassant, Zola, Sartre et consorts ne fera pas de vous le prochain Le Clézio. Sans blague !