Résolutions pour 2019

Régulièrement, j’entends, je lis ou je vois des choses qui m’énervent. Aujourd’hui, c’est les personnes qui vont de mauvaises habitudes en photographie et qui ne veulent pas en démordre… Alors, pourquoi ne pas profiter de l’année 2019 qui démarre pour en changer ? Quitte à me répéter et paraître avoir des marottes !

 

On a tous, en matière de photographie ou autres, de mauvaises habitudes, ces actions que l’on effectue mécaniquement, sans réfléchir, de manière machinale. Et je n’échappe pas à la règle malheureusement. Néanmoins je suis conscient de mon travers et j’essaye, quand c’est possible, d’en changer. Pourquoi pas vous ? 

Voici quelques mauvaises habitudes que l’on pourrait tous perdre, avec juste un peu de volonté.

Pratiquer occasionnellement la photo

Il ne s’agit pas là d’une mauvaise habitude au sens strict. Mais un défaut. Soyons clairs, pour progresser en photographie, il faut pratiquer, toujours et encore. Oui cela demande du temps, mais c’est une nécessité. En pratiquant de manière occasionnelle, la régression vous guette, tout simplement parce que vous aurez oublié ce que vous avez appris lors de votre dernière sortie photo. Envolés de votre mémoire les paramètres, les réglages et les différents modes (Av, Tav, M, etc.). Au risque d’agacer fortement la personne qui vous accompagne quand il faudra qu’elle vous explique une nouvelle fois à quoi sert la profondeur de champ. Réfléchir plus et surtout déclencher plus est mon crédo, même si cela s’accompagne d’un trier plus. C’est à ce prix qu’on progressera. Le génie spontané, je n’y crois pas. 

Résolution n° 1 : Faire de meilleures photos en pratiquant régulièrement. Pourquoi pas en en faisant 15 à 30 minutes tous les jours, ceci pendant un mois ou 2. Cela peut être des choses toutes simples, comme photographier une montre en jouant avec l’ouverture. Le but ici étant de comprendre le fonctionnement des principaux réglages qu’offre votre appareil. 

Cocktail de fruits frais (K-1 mk II, 1/125s à f/3.5, ISO 320)
Cocktail de fruits frais (K-1 mk II, 1/125 s à f/3.5, ISO 320)

 

Moins de blabla, plus de photos !

Suite logique du point précédent. J’adore parler photo. Je pourrais échanger des heures durant, sur des sujets aussi divers que variés, allant du matos à la colorimétrie. En oubliant la chose essentielle, c’est d’aller en faire. 

Courses, Ile de la Cité (KP, 1/640s à f/4.5, ISO 200)
Courses, île de la Cité (KP, 1/640s à f/4.5, ISO 200)

 

Résolution n° 2 : Parler moins et prendre plus de photos !

Croire que changer d’équipement permettra de meilleures photos

Quelle belle idée profondément ancrée dans la tête des gens ! Et plus on parle, plus on se monte la tête. Non, l’appareil photo ne fait pas la photo. C’est vous le photographe qui la réalisez. Que ce soit avec un boîtier argentique, un smartphone, une chambre, un Moyen Format, un Full Frame ou un hybride, si vous savez cadrer, composer et mettre de l’âme, vous réussirez toujours vos photos. 

J’en connais qui changent incessamment de boîtiers, d’objectifs, de marques, croyant que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. C’est faux. Vous ne devez acheter ou changer de matériels que pour des raisons objectives, parce que techniquement, ils apportent un vrai plus à vos pratiques. Ce n’est pas non plus en achetant le dernier hybride de Canikon que vous allez devenir le nouveau Ronis, Doisneaux, Salgado, Clergues et consorts. Non, c’est en pratiquant régulièrement, fréquemment tout en étant curieux et en soignant la composition que l’on parviendra à progresser. 

Je mettrais juste deux bémols à ce que je viens de dire. Il faut renouveler de temps en temps son boîtier. Entre un modèle de 2007 et un modèle de 2018, les progrès techniques ont été suffisamment considérables pour que la qualité technique des clichés soit meilleure. Et côté objectif, il peut avoir de réelles différences (techniques encore une fois) entre un objectif premier et un bas de gamme. 

Résolution n° 3 : Dynamiser sa créativité en prenant des leçons au lieu de changer pour la énième fois de matériel.

Oublier de soigner sa composition

Sans aucun doute, la plus grande attaque portée à l’égard de la photographie. Je pense que la démocratisation de la photographie numérique, surtout au travers des smartphones possédés par une immense majorité de personnes, y est pour beaucoup. Tout le monde, ou presque, a un APN dans sa poche et il suffit de le prendre pour commettre une photo. Comme cela, sans faire attention. Si on ajoute un autre effet pervers qui est la retouche après la prise de vue, grâce aux logiciels comme Adobe Photoshop par exemple, on a fait le tour d’un des maux de la photographie actuelle : l’absence de composition. 

Géckos seychellois (K-1 mk II, 1/400s à f/8, ISO 200)
Geckos seychellois (K-1 mk II, 1/400 s à f/8, ISO 200)

 

C’est quoi composer une image ? Il s’agit d’assembler divers éléments afin d’obtenir une scène harmonieuse à photographier. Les éléments, plus ou moins nombreux, peu importe, sont les suivantes :

  • des formes nettes,
  • d’autres floues (en jouant avec la profondeur de champ)
  • Les lignes de fuites qui suggéreront profondeur et mouvement,
  • des volumes avec des contours favorisant le sujet,
  • de la couleur (sans oublier que le noir et le blanc sont des couleurs !),
  • Un contraste qui permettra de différencier les couleurs et les tonalités,
  • des textures.

Le photographe doit s’évertuer à trouver le bon angle, la bonne hauteur, la bonne perspective et la bonne profondeur de champ avant de prendre sa photo. Une photo se réussit avant d’être prise. Il faut réfléchir sa photo.

Résolution n° 4 : Prendre le temps d’examiner le cadre afin de vérifier s’il n’y a pas un élément perturbateur. Quitte à modifier l’angle. Cela ne prend que quelques dizaines de secondes. 

Oublier de regarder autour de soi

Un classique celui-là. C’est assez impressionnant le nombre de personnes qui arrivent sur un spot photo, qui regardent devant soi, mitraillent ce qu’ils voient et repartent aussitôt. Il s’agit là d’une erreur fondamentale que commettent la plupart des débutants. Et même ceux qui se disent experts.

Il faut donc regarder autour de soi, c’est à dire, devant, derrière, à droite, à gauche… et en haut ! Avancez, reculez. Changez la perspective en essayant de prendre de la hauteur (en montant un banc par exemple) ou, au contraire, en vous penchant plus près du sol. Ne vous contentez pas de faire une photo ou deux de votre sujet. Prenez la peine d’arpenter les différents points de vue. Faites-en le tour. Observez. Choisissez les éléments qui devront être présents pour rendre votre cliché plus intéressant. Sans précipitation. Une photo se mérite. Donnez-lui le temps de venir à vous.

Plage méditerranéenne (K-1 mk II, 1/640s à f/11, ISO 160)
Plage méditerranéenne (K-1 mk II, 1/640 s à f/11, ISO 160)

 

Tout cela, en prenant la peine de composer votre sujet et en utilisant les différents réglages qu’offre votre appareil.

Résolution n° 5 : Apprendre à regarder sans se précipiter sur le déclencheur.

Avoir un trépied et ne jamais l’utiliser

Le trépied est un accessoire souvent pratique en photographie afin de pallier les vitesses lentes que l’on doit adopter en certaines circonstances. Si vous disposez d’un boîtier ou d’objectifs stabilisés, vous pourrez atteindre des vitesses assez lentes de l’ordre de 1/20 s, voir 1/15 s (tout dépendra de votre aptitude à ne pas trop trembler). Mais en deçà, vous ne pourrez pas lutter contre le flou de bougé (j’en connais qui a 1/125 s font des photos floues). Certes, il est toujours possible d’augmenter les ISO, mais cela à au moins 2 inconvénients :

  • Une perte de qualité de votre image, car plus les ISO seront hauts, plus le bruit sera présent.
  • Certaines photos nécessitent une vitesse lente. À l’instar des filets d’eau d’une cascade par exemple !
Fontaine (K-3 II, 8s à f/13, ISO 125)
Fontaine (K-3 II, 8s à f/13, ISO 125)

 

Pour placer correctement votre trépied, prenez le soin d’observer la scène à photographier afin de trouver le meilleur emplacement. Puis, installez votre équipement, composez votre (ou vos) image(s), et shootez. Petite astuce, utilisez une télécommande ! Cela réduira encore tout risque de bouger.

Néanmoins, je ne suis pas un grand fan du pied, sauf pour des images de nuit ou certaines circonstances particulières. Tout simplement parce qu’ils sont des freins à la créativité et à la spontanéité. Ils figent les cadrages et restreignent la mobilité que j’affectionne tant. Son utilisation doit être utile !

Résolution n° 6 : Avoir prendre son trépied avec soi (surtout la nuit), même si on ne l’utilise pas. C’est souvent quand il es absent qu’on le regrette.

Se fier à l’écran de son appareil photo

C’est assez impressionnant le nombre de personnes qui utilisent l’écran de l’appareil de photo pour juger ce qui vient d’être pris, trier les photos, voir même les traiter. Il s’agit là sans nul doute de la pire idée que l’on puisse avoir. Car l’écran d’un appareil photo souffre de plusieurs maux :

  • L’écran est petit, trop petit. Comment peut-on réellement effectuer le moindre travail d’importance sur une si petite surface de travail ? À moins de zoomer en permanence, au risque de perdre de vue l’ensemble de la prise de vue. 
  • L’écran n’est pas calibré. Il n’y a aucune certitude sur le respect de la colorimétrie, la luminosité et le contraste. Comment lui faire alors confiance ?
  • La luminosité ambiante empêche trop souvent (en plein soleil par exemple) de distinguer correctement l’écran LCD.

Si vous avez un doute sur vos photos, prenez plutôt l’habitude de regarder l’histogramme. Bien que je ne sois pas un fan absolument de celui-ci, il permet très vite de voir si les clichés sont sous-exposés ou surexposés en cas de doute. Si la répartition des pixels est trop vers la gauche, il y a de bonnes chances que votre photo soit sous-exposée et, à l’inverse, trop vers la droite, elle est surexposée. Ma « méfiance » vient surtout du fait que le diagramme proposé peut varier selon les conditions d’éclairages.

Alors, à quoi sert l’écran arrière ? Tout juste doit-on l’utiliser pour vérifier si la photo est blanche ou noire, si on a pris n’importe quoi (comme ses pieds en marchant) ou si le flou est vraiment important. Toute autre action doit être proscrite. 

Résolution n° 7 : Ne plus utiliser l’écran arrière pour autre chose qu’à vérifier les différents réglages de l’appareil.

Cataloguer et trier pour se consacrer à l’essentiel

Tout le temps passé derrière l’écran à traiter sa production est du temps qui n’est pas consacré à la prise de vue. Et si vous triez en amont vos photos en leur attribuant une notation ? Je pars du principe qu’une bonne photo se repère très vite. C’est certes une question « d’œil », d’éducation, d’habitude, mais je vous promets qu’on y arrive tous plus ou moins vite. C’est parfois un détail qui fera qu’une photo est mauvaise ou pas.

Mon flux de travail reste plus ou similaire au fil du temps. En premier, j’importe mes photos dans le logiciel que j’utilise pour cataloguer mes photos et je les passe en revue en attribuant une étoile à celle que je pense traiter. Au bout de quelques jours, je revois les photos non notées puis celles notées afin de vérifier mon choix initial. Et je ne vais traiter que les photos notées. Car il ne sert à rien de s’occuper des mauvaises photos, elles ne s’amélioreront pas !

Lightroom
Lightroom

 

En agissant ainsi, je gagne du temps puisque je vais développer que ce qui mérite de l’être, contrairement à ceux qui traitent les photos au fur et à mesure de leur visionnage. 

Résolution n° 8 : Trier et apprendre à repérer les photos qui méritent d’être traitées.

Résolution n° 8 bis : Ne plus vouloir tout développer.

Une photo se regarde que sur un écran

Non, une photo n’est pas faite pour rester enfermée dans un ordinateur ou autre uniquement regardé sur l’écran d’un smartphone.

Les bonnes photos, vos meilleures photos, sont faites pour être admirées après avoir été imprimées. Il ne s’agit pas de tout imprimer. Mais chaque année, vous devez bien avoir des photos qui valent le détour. Alors, après avoir opéré un choix, une sélection de 30 à 100 photos maximum, osez en faire un livre grand format (c’est-à-dire au minimum au format A4). Vous verrez vos photos différemment.

Et non, cela ne coûte pas si cher que cela. Il y a suffisamment d’opérations de promotions, remises et autres ventes privées tout au long de l’année qui permettent d’acheter un livre pour une vingtaine d’euros (offrant 40 pages, soit 40 photos si l’on met une par page). Il n’y a a donc aucune raison de s’en priver !

Résolution n° 9 : S’offrir un best of de ses photos au format papier.

 

Eva (K-1 mk II, 1/125s à f/10, ISO 100)
Eva (K-1 mk II, 1/125 s à f/10, ISO 100)

 

J’aurais pu en ajouter d’autres comme aller visiter régulièrement des expositions photos, d’expérimenter d’autres styles, de découvrir des pratiques ou encore de lire le manuel d’utilisation de son matériel. Je m’en tiendrais raisonnablement à ces 9 résolutions. La photographie est une belle aventure, mais qui demande un peu d’effort et d’attention.

 

Crédit photo : © fyve

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