Vacances, ter

Raconter une histoire

Quand il y en a plus, il y en a encore. Ce troisième article avant les vacances n’était à l’origine pas prévu. Et puis voilà qu’à la mi-juin, la préparation d’un article sur la déraison sentimentalo-photographique par un de mes amis m’a donné l’inspiration. Surtout qu’il rejoint en partie un sujet déjà abordé dans un passé pas si lointain. Oui, j’ai des marottes comme celle qui me dit que le matériel ne fait pas tout. Que le photographe est là pour aussi pour raconter des histoires et pas seulement produire la plus belle photo, techniquement parlant. 

 

Être toujours à la recherche du meilleur capteur, du meilleur objectif, du meilleur matériel tout court, quel qu’il soit (pied, filtre, déclencheur souple, sac à dos, batterie, etc.) est une aberration. Comme d’engranger sans fin du matériel dont on ne se servira jamais. Je ne parle pas ici des collectionneurs, mais plutôt de ceux qui achètent de manière compulsive, pensant avoir (enfin !) ZE boîtier ou ZE objectif qui les fera réussir à coup sûr leurs photos.

Oui, les vendeurs (et de nombreux sites web d’ailleurs) veulent vous faire croire à cette utopie, selon laquelle c’est la faute au matériel si vous ne réussissez pas vos photos. C’est normal qu’ils vous surinent cela à longueur de temps puisque c’est leur gagne-pain. Sans vente, ils disparaissent. Les marques aussi d’ailleurs. Je ne vais pas revenir dessus outre mesure, mon point de vue ayant été dit à de nombreuses reprises (changer de temps de temps de boîtiers et investir plutôt de manière raisonnable dans de bons objectifs). Il convient de s’enlever de point de la tête : le matériel ne fait pas le photographe ni la photo d’ailleurs. Il y contribue certes, mais ce n’est pas le plus important. Non, ce n’est pas parce que vous avez le dernier boîtier 100 Mpx avec une dynamique de 50 IL (je ne sais même pas d’ailleurs si un tel machin existe) que vous ferez de meilleures photos. Le plus important, c’est vous ! Vous et ce que vous avez à raconter.

On peut interpréter cette image de différentes façons. L’imagination est au pouvoir (Pentax K-1)

 

Cette idée n’est pas révolutionnaire. Pourtant, quand je discute avec des amateurs ou des débutants, je me rends compte que la plupart d’entre eux sont à mille lieues de le penser. Et je ne parle même pas de certains « professionnels » pour qui le matériel est tout. Ce qui est amusant, du moins les premières fois, c’est que ces personnes n’acceptent de discuter que dynamique capteur et perfection technique. Il est désolant de voir que l’histoire d’une photo, son émotion passe au deuxième plan, voire le plus souvent au dernier. Pour tous, si des photos sont ratées, c’est toujours la photo au matériel. Mais jamais, non jamais, ils vont accepter que le problème puisse être eux. Eux, leur façon de pratiquer la photo et les méthodes de prise de vue.

Pourtant, il y aurait parfois (souvent ?) des choses à changer, des habitudes à modifier. Sous peine de sclérose ou de non-progression. 

Est-il désabusé ou content de lui ? On ne sait pas grand-chose de lui, donc tout peut être inventé…
Stop à la tyrannie du mode Manuel

Trop souvent je vois des photographes qui ne font confiance qu’au mode Manuel. Soit disant, selon certains, qu’en dehors du sacro-saint mode Manuel, il n’existe rien, on n’est pas photographe. « Parce que, tu comprends, c’est celui qui me permet de tout maîtriser« . Sauf le moment. Car le temps qu’on règle son boîtier, l’instant photographique magique aura disparu. Le mode Manuel, qui est très bien en soi, offre la possibilité de comprendre toutes les interactions entre l’ouverture, la vitesse et les ISO. Mais dès cette compréhension a été acquise, sauf circonstances de prise de vue particulière, on doit passer à autre chose. Vous êtes là pour prendre des photos ou pour passer du temps derrière votre boîtier à le manipuler ? Mon choix est fait depuis très longtemps, mon but est de prendre des photos. Et dire stop à la tyrannie du mode Manuel.

Opter donc pour le mode Tav sur les Pentax, celui qui laisse décider de la vitesse et de l’ouverture tout en laissant le boîtier se débrouiller pour les ISO qui sont encadrées dans une plage de valeur (exemple, entre 100 et 3200). Ou pour les modes Tv (priorité vitesse) et surtout Av (priorité ouverture), ce dernier étant devenu mon préféré pour la photo de rue. Tav, Tv et Av sont plus efficaces, car ils offrent la possibilité de s’occuper plus sereinement du sujet photographique en choisissant uniquement l’effet à obtenir (la profondeur de champ et/ou la vitesse). Le seul mode que je déconseille, c’est Auto, car là le boîtier décide de tout. Vous ne savez pas ce qu’il va faire. 

Il n’y a pas le temps de régler son appareil. Tout bouge dans tous les sens. Je cherche juste un moment intéressant.

 

Attention toutefois, le mode Manuel reste utile pour certains types de photos, comme les longues poses ou quand les conditions lumineuses m’y obligent. Sinon, je m’en passe bien volontiers.

Accepter la sélection automatique des collimateurs ?

Un domaine dans lequel on peut aussi modifier ses habitudes. Adeptes du collimateur unique, dont je suis, pourquoi ne pas adopter la Sélection Automatique des collimateurs (soit avec tous les collimateurs actifs, soit avec seulement une partie d’entre eux). L’idée en elle-même m’a semblé une hérésie. Car la notion de maîtrise du point de focus est profondément ancrée en moi, avec la certitude que seul le collimateur unique saura y répondre. Pourtant, l’AF ayant tellement fait de progrès que l’appareil photo fait presque toujours le bon choix, donnant souvent la priorité au « sujet le plus proche », quitte à aider un peu le boîtier en augmentant la profondeur de champ. Et si cela ne convient pas, il vous reste la possibilité de repasser en mode sélection du collimateur unique ! 

Cette façon de procéder laisse une chance au boîtier de faire le point sur le sujet le plus proche au moment de la prise de vue. Ce qui parfois amène quelques surprises, car on ne sait pas toujours à l’avance ce qui passera devant l’objectif, de manière impromptue, au moment du déclenchement.

Ces changements concernent presque tous les secteurs de la prise de vue. Comme l’exposition, la profondeur de champ, la manière dont on tient l’appareil au moment de la prise de vue, etc. Rien n’est tabou. Et puisqu’on parle de profondeur de champ, combien sont encore à prendre des photos à f/16 et au-delà, parce que comme cela, la photo sera nette. Oui. Sauf que la grande majorité des objectifs donnent le meilleur parti d’eux même que dans une plage d’ouverture bien définie. Rarement ce sont aux extrêmes. Il convient « d’oublier », sauf cas exceptionnel quand on souhaite obtenir certains effets par exemple, la pleine ouverture et la plus petite ouverture. Optez une plage allant de PO + 1 ou 2IL (suivant la PO) jusqu’à f/16. C’est très souvent suffisant et vos images ne seront que meilleures. Traditionnellement, les objectifs Pentax sont excellents entre f/5.6 et f/8.

Photo de vacances à f/7.1

 

Arrêter de vous chercher des excuses. Votre appareil ou vos objectifs ne sont pas trop massifs, imposants, encombrants. Non votre capteur n’est pas trop petit. Non il ne manque pas de dynamique (les capteurs depuis 5 ans sont déjà excellents dans ce domaine, surtout si vous shootez en RAW). Stop. C’est vous qui photographiez. Arrêtez d’accuser votre matériel, mais interrogez-vous plutôt sur votre comportement photographique. La photo ce n’est pas que des pixels proposant des sujets nets le tout en restant la règle des tiers avec la lumière parfaire. Une photo, c’est aussi une histoire, suggérée ou racontée. Alors, profitez des vacances pour revenir à un des principes de la photo : se faire plaisir ! Prenez votre matériel et allez vadrouiller, quitte à sortir des sentiers battus. Cela ne vous fera que du bien. Prenez juste le soin de composer votre image en faisant attention aux formes, aux couleurs, à l’horizontalité. Bref, faites des photos jolies, agréables à voir. Le seul truc vraiment important, en photographie comme dans la pratique de n’importe quel art, c’est d’abord de se faire plaisir.

 

Bonnes vacances, on se retrouve en septembre.

 

Crédit photo : © fyve

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